dimanche 27 septembre 2020

REPORTAGE sur le colloque de la table ronde à l'Université Nationale du Vanuatu


EXPOSÉ DES DISCUSSIONS
De la Table ronde
à l’Université Nationale du Vanuatu


De droite à gauche: MM Georges CUMBO - Francis BRYARD - Gilbert DINH et Jean van Jean

  

Publication de Jean Van Son

2/9/2020. Reportage de la discussion “Table ronde” tenue à l’Université Nationale du Vanuatu à Port Vila sous la direction de Mr Jean Pierre NIRUA – Directeur de l’Université.
Sujet: “Centenaire de la présence vietnamienne aux Nouvelles Hébrides/Vanuatu 1920-2020”

Programmes du jour:

1.     Discours d’ouverture de Mr Cumbo Georges, chargé de la Section culturelle de  l’Ambassade de France au Vanuatu.
2.     Présentation et analyses de Mr Francis Bryard, professeur et historien du Ministère de l’Education du Vanuatu,
3.     40 minutes de commentaires des souvenirs de 1920 à 1963 réservées à Jean van Jean
4.     Discours de Mr Gilbert Dinh Van Than.
5.     10 minutes de commentaires des souvenirs de 1963 à 2020 par JVJ.
6.     Questionnaires des invités et de l’assistance.
7.     Résumé de clôture de Mr Francis Bryard
8.     Assistance: Enseignants (tes), professeurs, étudiants (tes), invités...
9.     Photos souvenirs.

 

MM Georges CUMBO et Francis BRYARD


(40’ de Commentaires de JVJ  période de 1920 à 1963).

 Mesdames et messieurs, bonsoir,    

 Tout d’abord, JVJ tient à remecier Mr Georges Cumbo de l’Ambassade de France au Vanuatu et Mr  Francis Bryard, Professeur historien du Ministère de l’Education du Vanuatu, de leur bonne inititiative d’organiser cet important entretien au sein de l’Université nationale du Vanuatu. Qui se conjointe avec l’ouverture de l’EXPO Vietnam tenue à l’Alliance française hier soir le 1er septembre à Port Vila, en mémoire du Centenaire de la présence des travailleurs engagés vietnamiens sous-contrat aux anciennes colonies françaises des Nouvelles Hébrides, aujourd’hui la République du Vanuatu.
Nous pouvons le considérer comme un évènement historique et unique en son genre pour nous tous, de pouvoir évoquer et de relater les vieux souvenirs en mémoire du  passé au pluriel de nos parents et également des explorateurs, des missionnaires, des colons planteurs européens.  Et aussi de parler un peu le haut et le bas de notre présent.
Permettez moi de me présenter comme un descendant de la plus vieille famille vetnamienne venue aux Hebrides dans les années 1924. Sur internet et Facebook, beaucoup de gens me connaissent sous le nom de Jean van Jean et Jean Van Son sur les Blogs “Les Nouvelles Hebrides d’hier et aujourd’hui” (Tan dao xua va nay).   Et de Jean tout court  au Litchees store en face du Lycée français Rue Colardeau. Parlant un peu le français, le bichelama, l’anglais, et naturellement le vietnamien.
En premier lieu, je me permets de citer un extrait de la thèse de doctorat de Mme Frederique Thailhade éditée en 1987 intitulée “La colonisation française aux Nouvelles Hebrides et les Indochinois” comme suit: certains colons de renom ont reconnu que Les Nouvelles Hebrides ont été faites par les Viets. Comme cette thèse décrit et se concentre en général  sur les problèmes des travailleurs tonkinois, alors j’ai fait traduire tout le texte à peu près 100 pages en vietnamien et de les faire publier sur mes Blogs. Qui avaient à peu près 300.000 fois lus par les lecteurs et lectrices du VN et un peu partout dans le monde.

LOGO des Blogs New Hebrides/Vanuatu de Jean Van Son (JeanvanJean)

 Première partie (les choses entendues et lues)

 Extrait de la publication du journal officiel de la Nouvelle Caledonie jusqu’en 1945.

Les clauses du contrat entre l’ouvrier tonkinois et l’employeur aux Nouvelles-Hébrides

 “Chaque coolie tonkinois a signé à son embarquement un contrat de travail réalisé en double exemplaire, un en français et l’autre en annamite. La durée d’engagement est de 5 années. Le salaire minimum est prévu: 12 piastres (80 francs) par mois pour les hommes; 9 piastres (60 francs) pour les femmes (les femme sont engagées à proportion d’une femme pour cinq hommes). Un salaire est fixé pour les enfants de plus de 15 ans. Avant cet âge, les enfants doivent être nourris gratuitement pả l’employeur mais ne peuvent être astreints à aucun travail. De 15 à 16 ans, les garçons reçoivent 6 piastres (40 francs); de 16 à 17: 8 piastres. De 17 à 18 ans: 10 piastres. Aux âges correspondants, les filles reçoivent 3, 5 et 7 piastres.
Pour empêcher les travailleurs indochinois de dépenser intégralement tout leur salaire, un pécule est prévu. Chaque mois l’employeur retient sur les salaires acquis une somme de 2 piastres pour les hommes et 1 piastre pour les femmes, somme versée sur un compte de pécule. Ce pécule est en 1925 un avantage spécial consenti aux travailleurs indochinois quittant les Nouvelles Hebrides.
L’employeur doit fournir gratuitement la nourriture, le logement, les soins médicaux et les médicaments à l’ouvrier pendant la durée du contrat. La nourriture doit être adaptée aux goûts de l’ouvrier. Pour un travailleur adulte, sont distribués quotidiennement: 250grs de pain, 500 grs de riz sec, 200 grs de viande fraiche, 400 grs de poisson frais, 300 grs de légumes frais (ou 150 grs de légumes secs), 20 grs de sel, 5 grs de thé. Pour les enfants de 12 à 15 ans, la ration représente les trois quarts de la ration normale; pour ceux de 12 ans, la moitié.Pour les enfants en bas âge, l’employeur doit donner une boite de lait tous les trois jours, 100 grs de riz et 100grs de pain. Si la mère ne nourrit pas, c’est une boite de lait de 400grs tous les 2 jours qui est prévue.
Le logement doit être convenable et suffisant, comportant les installations de couchage, élevées d’au moins 50cm au dessus au niveau du sol et prévues pour recevoir l’ouvrier dès son arrivée.
Les vêtements étaient aussi à la charge de l’employeur. Pour les hommes: une couverture, deux chemises, deux pantalons. Pour les femmes: une couverture, deux cache-seins, deux pantalons d’étoffe noire, deux vestes courtes. Pour chaque coolie également de la quinine, et une moustiquaire. Une nursery doit être construite et une femme affectée à la garde des enfants.
La durée du travail est de 9 heures par jour. Repos le dimanche ainssi que les jours de fêtes annamites. Pendant ces jours de fête, les coolies sont payés comme pendant les jours de travail ordinaire. Obligation pour les femmes de n’être employées qu’à des travaux convenant à leur sexe.
Après l’expiration du délais de 5 ans, le coolie et sa famille ont droit à un rapatriement gratuit dans leur vilage d’origine. Le rapatriement doit être effectué dans les 6 mois suivant l’expiration ou la résiliation du contrat.
A bord du navire, les indigènes doivent jouir d’un espace et d’un cubage d’air suffisant pour faire la traversée dans les bonne conditions”

.Mais hélas! La réalité apparait souvent bien difrente... 

Conditions et temps de travail d’un coolie tonkinois aux Nouvelles-Hébrides:

D’après mes parents, le temps de travail normal réglé à 9h00 par jour, mais à la tâche. Qui veut dire que pendant 9h00 l’ouvrier doit achever un travail déterminé. Par exemple: pour le coprah, au début la tâche de production était fixée à 180 kilos de pulpe de coco par personne et par jour de travail. Et au fur et à mesure, cette tâche s’élève progressivement jusqu’à 350 kilos voire 400 kilos. Alors pour pouvoir accomplir cette tâche, l’ouvrier doit prolonger le temps de travail jusqu’à 10 heures voire 12h00 par jour. Celui qui n’arrive pas à accomplir sa tâche, se trouve automatiquement à une déduction de salaire ou des coups de fouet. Mais peu de temps après, les ouvriers se regroupent et travaillent ensemble en collectivité. Ce qui est productif et leur donne un bon résultat et améliore vite les conditions de travail. Mais le plus grand danger pour ceux qui travaillent dans les forêts tropicales malsaines et humides, c’était le paludisme ou la malaria, genre de maladie causée par les moustiques causant une fièvre intermittente.

La récolte et le décortiquage des noix de coco dans une plantation aux N.H.

 La vie des colons planteurs:

Du côté des colons planteurs. Ils ne sont pas vraiment aisés comme pensaient les gens. À part quelques uns qui avaient des moyens financiers, les autres ont du mal à gérer leurs affaires. Principalement les nouveaux venus au pays commençant avec une traite à la banque. Par exemple, un colon qui emprunte une somme de 50.000 francs au départ ne pourrait s’acquitter du solde qu’au bout de 6 ans de travail acharné. Certains colons ont fait faillite.


Dans son récit: “
Passions et misères d’une société coloniale”, Bonnemaison a écrit ceci:

Dur, malsain et sinistre par endroits, ce pays ne s’est ouvert qu’à des durs

Ces colons se nourrissaient mal. Le paludisme les minait. Lorsqu’ils se marièrent, leurs femmes européennes ne supportèrent ni le climat, ni cette lutte de tous les instants, ni surtout la mort de leurs enfants. Chapuis, Ratard, Dedieu, Gané, virent ainsi mourir plusieurs de leurs enfants, car il n’y eut aucun poste médical à Santo jusqu’au début des années 1930. Encore pire pour les iles lointaines. Pourtant la plupart réussirent, multipliant par 10 et parfois plus, la superficie des concessions de 25 ha qu’ils avaient reçues au départ, grâce aux travailleurs indochinois”.

 La venue de mes parents aux Nouvelles-Hebrides:

1924. Originaires de la souche paysanne pauvre, sans terre de la province surpeuplée de Nam dinh. Mes parents ont bien eu de la chance pour pouvoir s’inscrire au recrutement de main d’oeuvre pour les Nouvelles-Hebrides.

Le 10/8/1920. L'arrivée des premiers travailleurs engagés sous contrat à Port Vila N.H.

Le long voyage du paquebot Saint François Xavier de Hai phong à Noumea a duré presque trois semaines. Ils ont été transbordés ensuite sur le paquebot La Pérouse pour Port Vila. Ils sont venus avec leur fille ainée (la mère de Robert Tranier). Arrivés sur place, ils ont perdu leur vrai nom et reçu une sorte de badge d’immatricule portant un numéro NH. No 28 pour mon père, 29 pour ma mère et 29bis pour ma grande soeur de 6 ans. Comme ils sont originaires du Tonkin, on les appelle tous “tonkinois”. Ils sont d’abord mis en quarantaine au dépôt servant comme centre d’accueil pour les nouveaux venus. Ce dépôt se trouve au bas flanc de la côte de l’hôpital indigène, que maintenant l’emplacement est occupé par le grand magasin chinois. Après 10 jours,  ils ont été répartis à travailler comme coolies dans les plantations de cocotiers de la famille Belloc à la Pointe du Diable, d’où se trouve actuellement  les familles Laurent. Mes parents ont eu de la chance, car beaucoup d’autres travailleurs ont été envoyés dans les iles lointaines comme Epi, Malicolo, Santo et autres, soumis aux conditions lamentables et déplorables.

Certaines personnes m’avaient posé la question: pourquoi mes parents venus au pays depuis 1924 pour un contrat de 5 ans et y sont restés jusqu’en 1963. Oui. Mes parents ne seraient pas les seuls à se faire rengager pour 2 ou 3 termes de contrat consécutifs. Pour plusieurs raisons, soit ils se trouvent endettés envers le patron. Soit ils ont décidé de s’y implanter au pays.
Pour les coolies des plantations à Efate, les conditions de travail et de la vie courante sont assez difficiles, mais loins d’être comparant à celles des iles, qui manquent de tout à cause du ravitaillement. Et surtout, comme les iles sont loin des autorités administratives, alors les patrons sont libres à traiter les ouvriers à leur façon.
Aujourd’hui, on n’entend plus lot mot “coolie”. Dans le passé, en Extrême-orient, coolie veut dire un ouvrier transportant de lourdes charges sur son dos, une main-doeuvre à tout faire.

Le travail et  la vie des coolies dans les plantations.

Le débroussaillage 

Aux Nouvelles Hebrides, le travail principal des coolies consiste à faire le nettoyage des brousses et le décortiquage des noix de coco. Tout se fait à la main avec des sabres d’abattis, des hâches pour faire nettoyer les immenses forêts vierges afin  d’obtenir de la bonne terre cultivable pour planter les arbres industriels et d’autres travaux comme entretenir les plantations, de faire lplanter et récolter le maïs, café, cacao, coton et surtout de cueillir les noix de cocos et de faire le coprah. Les coolies sont aptes à tout faire: transportant les lourdes charges à dos, construire les habitations, faire le jardinage, l’élevage, la pêche, la chasse, la cuisine etc...

Les coolies sont mal nourris et mal logés. Ils mangent à leur faim. Ils vivaient dans les taudis. 

Depuis quand, comment et pourquoi la main-d’oeuvre vietnamienne se trouve aux Nouvelles Hebrides?

En principe, au fil du temps, la présence vietnamienne aux NH  était bien plus tôt, vers 1900. Ils font partie des prisonniers tonkinois et annamites des bagnes de Poulo Condor, exilés en NC en 1891. Un certain nombre a été transféré aux NH. Preuves incontestables: les audiences du tribunal mixte de Port Vila en 1911 jusqu’en 1919 ont condamné plusieurs tonkinois pour la vente d’alcool aux indigènes. 

…"Attendu que par exploit daté du premier septembre 1913 N’Guyen Van Hoi a été cité à l’accusation d’avoir vendu de bon matin, le quatorze août 1913 à un indigène de Santo (Nouvelles-Hébrides) nommé Sam ou Frond, demeurant à Port-Vila, un demi litre de rhum pour la somme de deux shillings ;

Attendu que un procès Verbal du Commandant de milice française en date du quinze août 1913, et de 1'aveu du contrevenant, il résulte que le quatorze août 1913, à Port-Vila (Nouvelles Hébrides) le nommé N'Guyen Van Hoi a vendu à l’indigène Sam ou Frond de Santo. (Nouvelles Hébrides) une demi bouteille de rhum, pour la somme de deux francs et cinquante centimes;"

…"Attendu que le Contrevenant est en état de récidive légale pour avoir été condamné le vingt et un avril 1911 pour la même contravention ; qu’il y a lieu d’en tenir compte dans l’application de la peine ; Par ces motifs :Condamne N’Guyen Van Hoi à cinquante francs d’amende à trois jours de prison et en tous frais et depends.

."AffaireNo219 Audience correctionnelle du 9 septembre 1913.

Le Tribunal mixte de Port Vila N.H.

Extrait du journal “Annales coloniales”:

En 1919-1920, la situation devint catastrophique. Le travail sur les plantations, lorsque les opérations de débroussage sont terminées, n'est pas très fatigant. Il nécessite cependant une main-d'œuvre abondante et sérieuse pour le ramassage et le traitement des noix dans les cocoteraies, pour le nettoyage incessant et les opérations de la récolte dans les caféeries et les cacaoyères. La vigueur de la végétation condamne très rapidement à mort une plantation non entretenue. La quasi-impossibilité de recruter désormais la main-d'œuvre locale allait anéantir, en tuant toutes les exploitations, l'effort de tous ces Français qui, depuis quarante ans, luttaient sur les îles pour y maintenir et y consolider le pavillon de leur patrie. C'est à cette époque qu'un colon français, prit l'initiative de se rendre en Indochine auprès des dirigeants de cette grande colonie.

Mr Lançon - Colon planteur de Valesdir Epi

 En 1919, Le Gouverneur français du Pacifique, Mr Guyon, allant au devant des demandes des colons et des maisons de commerce locales, obtint du Gouverneur Général de l’Indochine le droit de recruter localement les travailleurs vietnamiens. En 1920, Mr Lançon, un colon français de Epi, alla de sa propre initiative recruter 57 travailleurs tonkinois pour ses plantations. Le recrutement fut par la suite organisé d’une façon officielle. Un bureau de recrutement fut ouvert à Hanoi, une règlementation instituée et les convois d’acheminement furent pris en charge par la Maison de commerce Caledonienne Ballande. 

Bureau de recrutement des coolies à Hai phong

Parmi les plus marquants des évènements :

 28/07/1931: 6h00 du matin. La première fois dans l’histoire des Nouvelles Hébrides eût lieu l’exécution capitale sanglante des 6 condamnés tonkinois liés à l’assassinat du colon Chevalier à Malo-Pass Santo en 1929. Les travailleurs tonkinois de toutes les plantations se sont mis en grève et en deuil. Action de protestation contre les autorités locales.

 

 1924 à 1935. Dûs aux difficultés financières, mes parents ont été obligés de se faire rengager sous les nouveaux contrats de travail. À partir de 1936, ils ont obtenu la résidence libre et ont pu faire embaucher à travailler comme jardinier chez Mr François ROSSI – chef de la Police de Port Vila.


Le débarquement des troupes US sur les plages de Mele Efate N.H.

 Les choses vues et vécues

1942: Mon père a été démis de son travail pour cause de santé et déménagé  à Melcoffee.  Vers juin, les troupes de  l’armée US ont débarqué à Port Vila, Luganville Santo et Lenakel Tanna pour but de faire empêcher l’invasion de l’armée japonaise descendant des Iles Solomon et PNG. La présence des US navy avait influencé et amélioré la vie de la population hébridaise. D’un pays pauvre qui n’a jamais vu et connu un avion, les Nouvelles Hébrides ont été transformées radicalement en quelques jours. Notamment à Port Vila et Luganville Santo,

1942-1945. L'armée US aux Nouvelles Hebrides

1942-1945. Ma mère fait le lavage de linges pour les soldats US campés à Melcoffee. De temps à autres, elle nous a emmené souvent au dépôtoir des américains au fond de la Baie pour ramasser toutes sortes de chose. Tout ce qui est bon, on mange. Le reste on fait nourrir les volailles. Premier contact avec les soldats US. Ils sont comme les européens et les gens du pays. On parle bichelama avec eux et ils comprennent. On est fin content croyant parler bien l’anglais. On ne savait pas que le bichelama était une sorte d’anglais créole. Ils nous donnent du chocolat et des chewing gum. Ils aiment bien la soupe “pho” vietnamienne. Ils sont gentils.

 

Monnaie circullant depuis 1944 aux Nouvelles Hebrides

 1946. Obtenus la résidence libre, les vietnamiens commencent à monter leurs propres affaires comme ouvrir les petits magasins, vendre les nems chauds, faire la couture, couper les cheveux, faire le jardinage et l’élevage, la pêche, la menuiserie, la maçonnerie, la boulangerie, taxis etc... 


1946. La 1ere école vietnamienne à Port Vila N.H.

Février 1946. La 1ere fois, mon père m’a mis à l’école vietnamienne qui se trouve derrière la pharmacie française (Actuel Drugstore) pour apprendre le vietnamien. Tous les jours, on fait la marche à pied de Melcoffee à l’école 2 fois aller et retour. Comme on habite près de la mer, je fais la nage presque tous les jours. J’ai la peau brun foncé.

 Mouvement de grève, manifestations et rapatriements:


30/6/1946. L'Union des Associations vietnamiennes à Port Vila le jour du lever du drapeau rouge à étoile jaune du VN.


(1909-1947) Le vénérable DANG Long Huong - Fondateur et 1er Président de l'Union des Associations Vietnamiennes aux Nouvelles-Hébrides.

Le vénérable DONG Sy Hua (1915-2005) ancien fonctionnaire à la Résidence de France 
devenu Leader du Syndicat vietnamien aux Nouvelles Hébrides.


30/6/1946. Mon père m’a emmené assister à la cérémonie au centre ville de Vila où l’on fait hisser le drapeau rouge à étoile jaune du VN. Tout petit, je me trouve perdu au milieu de ces tas de gens. Et la 1ere fois, j’entends chanter la Marseillaise en paroles vietnamiennes au lever du drapeau rouge à étoie jaune au milieu du drapeau tricolore français et britannique. À l’époque, on ne connait pas encore l’hymne national. Et surtout, émerveillé à regarder la danse du dragon et des licornes aux sons rythmiques des tambours et des cymbales. Un souvenir à ne jamais oublier.

26/9/1946. Mon regretté père est DCD à l’hôpital anglais de l’ilot IRIRIKI.

20 Janvier 1947. Eût lieu le 1er convoi de rapatriement de masse des 550 vietnamiens et plus de 200 enfants sur le paquebot “Ville d’Amiens” à Haiphong. Un camp de concentration réservée aux travailleurs venus des iles de Santo et Mallicolo a été dressé sur l’ancien campement des soldats US à la Pointe d’Arbel (Malapoa) pour l’attente du prochain voyage de rapatriement.

Grève générale et manifestations réclamant le rapatriement

 Mai 1947. Grève générale et grandes manifestations organisées par le Syndicat VN de Tagabe réclamant le rapatriement immédiat à Hai phong a duré 1 semaine à Port Vila. Avec des milliers de participants longeant la route de l’hôpital français jusqu’à la Résidence de France. Les manifestations tellement bruyantes que l’on croyait à une rebellion.

Quelques jours plus tard, les autorités de Nouvelle-Caledonie ont envoyé l’aviso Dumont d’Urville à la rescousse avec plus de 200 mariniers à son bord pour faire calmer la situation à Port Vila et Santo Nouvelles Hebrides.


1947.  Rapatriement en masse par le paquebot Ville d'Amiens.

Les autorités locales ont promis de satisfaire les exigences des manifestants.

Juin 1947. À  l’improviste, les autorités locales dirigées par le Commissaire- Résident Kuter ont mobilisé les forces de l’ordre pour perquisitionner les bureaux du Syndicat VN et la demeure de Dong sy Hua à Tagabe et saisir les drapeaux, portraits, machines à écrire, documents et imprimantes Roneo.  Interdiction de tout rassemblement et défense de hisser le drapeau du VN. La situation tendue et assez accablante. Les autorités locales lancent un état d’urgence et le couvre-feu.

25/8/1947. Pour faire apaiser la situation devenue trop dangereuse. Les autorités locales sont obligées  d’organiser rapidement un autre convoi de rapatriement. Avec pour but de faire expulser Dong Sy Hua, sa famille et tous les dirigeants du Syndicat VN de Tagabe hors du pays sur le paquebot Ville d’Amiens. À son bord avec 470 adultes et 330 enfants. Depuis, l’ordre et le calme a été rétabli dans tout l’archipel.

Activités personnelles:


1949. Je me suis affecté à l’école Sainte Jeanne d’Arc dans la classe des garçons de la Révérende soeur Marie François Régis. Amis d’école: Monique Prevot, Paul Tamagushiku, Jean Sablan, Charles Renevier, Louis Fogliani, Leon Langlois, Paul Phuong, Jacques Pheu, Pierre Simon etc... Echoué à l’examen en 1951.


1952. Classe FEP de Mme JS Pommadère Ecole publique française. (JVJ en chemise blanche à droite)

1952. J’ai été transféré à l’école publique française de Mme JS Pommadere. Obtenu le certificat de Fin d’étude avec mention “bien”. Ami(e)s: Roger Dosdane, Milo Galinié, Denise Jocteur, Ginette Lods, Sylvain Cugola, Do viet Vinh etc...

1953-1954. JVD est devenu apprenti menuisier, apprenti cordonnier, faire la pêche etc...


Ecole vietnamienne de Tagabe (JVJ 2eme à gauche)

1955. Devenu enseignant en français  à l’école vietnamienne à Tagabe.

Station Taxis vietnamienne à Port Vila Nouvelles Hebrides

1958. Devenu employé de commerce chez HEBRIDA sous la direction de Mr BOURGEOIS.

HEBRIDA  1er Self Service à Port Vila

1959-1960. Travailant comme comptable chez OCEANIA Santo sous la direction de Mme Notin.

Mouvement sportif et le grand Rapatriement.

1960. Arrivée de Mr Vu Hoang – Délégué des Affaires étrangères de la RDVN – pour les problèmes de rapatriement. Il nous a bien mis dans la tête: Tout le monde doit travailler et avoir un salaire suffisant pour se nourrir. On croyait avoir un salaire comme aux NH. Heheeee... Notre cervelle était bien trop petite pour pouvoir tout comprendre.


 
1 et 2. Arche d'accueil réservée à Mr VU Hoang et la Delegation des AE de la RDVN.
3. Equipe de footMelcoffee. 4. Selection USV et SUMAT.

Le sport à Port Vila a bien développé: 7 équipes de football des quartiers – 1 sélection USV – plusieurs équipes de volleyball – pétanque - Tennis de table – pêche sous-marine etc...

30/12/1960. Le paquebot Eastern Queen a effectué 3 convois de rapatriement de suite pour les VK de Noumea.

Avril 1963. Rupture de rapatriement suite aux interventions du Gouvernement du Sud VN. Manifestations à Port Vila et Luganville Santo.

Juin 1963. Arrrivée de Mr Le Trung Thuy – de la Croix Rouge de la RDVN – pour résoudre la suite du rapatriement. Il a dit: “notre pays est temporairement divisé en deux. La guerre pourrait survenir n’importe quand. Si nos compatriotes pouvaient attendre que le VN se soit réunifié. Ce serait beaucoup mieux pour tous”.  Notre pauvre délégué a reçu même des injures. Personne ne le croyait. Les vieux sont trop chaud pour rentrer au pays natal. Que, une fois cloués au sol, ils se trouvent vite dans l’embarras.

1961. La grande famille de Mr Cai Son avant le rapatriement.

28/7/1963. Accompagné ma mère pour le rapatriement au VN.

 (10 minutes de commentaires pour le rapatriement au VN et le retour au Vanuatu)

Avec 10 minutes, c’est peu pour pouvoir relater pleinement les souvenirs des 32 années mouvementées au VietNam. J’essaierais de mon mieux.

Aout 1963. Arrivés au Port de Hai phong avec accueil chaleureux des autorités du Gouvernement de la RDVN. On se sent enthousiasmé mais complètement perdu dans un pays totalement inconnu. Même les vieux se trouvent désorientés. Tout a changé...

 

1964-1972. Les avions US ont tout détruit

Aout 1964. Juste un an après le rapatriement, les US commencent à bombarder le Port de Hai phong et les grandes villes du Nord Viet Nam. Evacuation de la population dans les villages loins de la ville. On se retrouve dans une situation vraiment désemparée et plongée dans la détresse.

Juin 1965. Pour le salut national, JVJ s’engage volontaire dans le Convoi spécial de ravitaillement pour le front. Equipé en vrai soldat et avec un camion tout neuf. Six mois sur les routes du sentier Ho Chi Minh. Une vraie aventure pleine d’exploits et de cauchemars. Mais fier d’avoir accomplir son devoir de citoyen envers sa patrie. Récompensé  d’une médaille de résistance et d’un certificat de mérite.

1978. JVJ (droite) en mission au Sud Viet Nam

1964-1972. Pendant près de dix ans, presque tous les jours, on vit avec la mort sous les pluies de bombes US. Beaucoup de famille et d’amis sont succombés. Ma mère est DCD par vieillesse. Pour la sécurité générale, on doit l’enterrer dans la nuit.

Les US ont détruit tout ce que le VN vient de reconstruire après la guerre avec les français. Ils avaient l’intention de transtormer le pays à l’âge de pierre. Mais ils se trompent.

J’ai du mal à en trouver un travail dans les entreprises de l’état. Pour cause de mon fichu C.V. avec une note: “père engagé dans l’armée française” (1914-1918 en France).

Une vieille maison en ville

Avec un peu d’argent économisé des hébrides, on a pu acheter une petite vieille maison. Mon petit salaire ne suffit pas pour nourrir une deuxième personne, qui fait rappeler les paroles du délégué. On vit dans la misère sous les bombes pendant presque 10 ans.

1965-1985. Avec beaucoup de volonté et de courage, JVJ a reçu beaucoup de diplômes et médailles de mérite.

1995. JVJ a quitté Hanoi pour le Vanuatu

1995. Retour au pays. JVJ a fait un voyage au Vanuatu et de s’y implanter.

1996. Travaillé comme conseiller au Malakula Distribution Center à Lakatoro avec Charlot Rory. Dont JVJ a fait connaissance avec Mr Francis Bryard prof français de Rentsary.


1997-2006. 10 ans de travail comme Gérant à Au Bon Marché Manples.


1998-2010. Nommé sécrétaire général de l’AVV. A reçu beaucoup de délégations venues du VN et les Ambassadeurs venus de Canberra.

2007-2017. Propriétaire de Litchees Store Colardeau.


Litchees store et Takeaway Rue Colardeau Port Vila Vanuatu.

2012. Retour des anciens ex néo hebridais au pays natal après 50 ans d'absence

2012-2013. Une centaine d’ami(e)s ex néo-hébridais et calédoniens résidant au VN ont fait un voyage au Vanuatu et NC pour revoir leur pays natal une dernière fois.






Quelques photos souvenirs de la soirée

Permettez à JVJ de ponctuer son exposé ici en vous remerciant infiniment de votre bonne attention et appréciation. Et également de vous souhaiter une très bonne soirée.

 Les invités  nous avaient posé beaucoup de questions. JVJ a pu retenir deux principales  questions suivantes:

1. Comme vous êtes nés aux Nouvelles-Hébrides, donc vous ne connaissez rien sur le Vietnam. Pourquoi vous aviez engagé au rapatriement?

Réponse: C’était une question assez délicate, dont je tiens à vous remecier  infiniment. Il y a plusieurs raisons, mais principalement c’était l’amour filial, le devoir et les obligations envers les parents. On ne peut pas les laisser partir seuls à leur âge de rentrer dans leur pays ancestral. On les a accompagné pensant pouvoir remplir notre tâche. Le pire, c’est de croire qu’on pourrait sortir du pays comme on veut. Hélas! Vouloir c’est pas pouvoir. De toute façon, on a rempli notre tâche envers nos parents et accompli notre devoir envers la Patrie.

2.    Comment vous avez décidé de revenir vivre au Vanuatu?

Réponse: Après plus de 30 ans rendu service à la mère patrie, j’ai décidé d’entreprendre un voyage au Vanuatu, pour but de revoir mon pays natal, de rendre hommage à mon feu père au cimetière de Port Vila et de rendre visite aux anciens amis pour la dernière fois. Mais, une fois sur place,  le beau paysage et le climat m’ont fait  changer d’avis. Grâce à la grande aide spirituelle et matérielle de toute ma famille et des amis, j’ai pu obtenir de bonnes conditions pour m’y implanter.

L’auteur du Blog tient à vous remecier de tout son coeur d’avoir suivi et consacré votre temps si précieux de lire et partager ce bref reportage relatant les souvenirs en mémoire du Centenaire de la présence vietnamienne aux anciennes Nouvelles Hébrides / Vanuatu. Il aimerait également vous souhaiter un avenir radieux avec grands succès.

AU REVOIR et à très bientôt... Lukim YOU.