mardi 22 octobre 2019

1920-2020. CENTENAIRE de la présence des travailleurs engagés vietnamiens sous contrat officiel aux Nouvelles-Hébrides.

1920-2020
CENTENAIRE de la présence des vietnamiens
engagés sous-contrat de travail officiel
aux Nouvelles-Hébrides du 20ème siècle.


La Famille de Ong Cai Son (Nguyên van Son). Se trouve parmi l'une des plus anciennes des familles vietnamiennes venues aux Nouvelles-Hébrides en 1924. Après presque 40 ans d'existence, le nombre des descendants et progénitures se multiplie par 30 voire plus. Dont les enfants et petits enfants du côté paternel ou maternel vivent actuellement au Vanuatu, en Nouvelle Caledonie, au Viet Nam, en France et ailleurs dans le monde. (Photo prise devant la maison de la famille DO viet Thu à Nambatu par FUNG Kuei en 1960 à Port Vila)


Recherches et publication de Jean Vanson - Vanuatu



            AVANT-PROPOS

L’auteur de ce petit reportage n’a aucune intention de décrire toute une longue histoire qui a durée pendant  une centaine d'années. Même, si lui-même  faisait partie de l’histoire - un descendant de la 2ème  génération des travailleurs engagés vietnamiens sous-contrat du 20ème  siècle aux Nouvelles-Hébrides. En bref, étant un passionné de l’histoire, il souhaiterait simplement de faire une étude, de faire des recherches sur les traces du passé de nos parents. Afin de savoir pourquoi et comment ils se retrouvent dans ces parages. Et aussi de pouvoir recopier, de noter, de publier et de partager les faits, les évènements, soient en images, soient avec des commentaires basant sur les sources humaines ou médiatiques concernant l’histoire de nos anciens parents du jadis.

Le Delta du Tonkin sous le protectorat. 

D’abord, nous tenons à remercier sincèrement et de garder toujours une profonde et reconnaissante gratitude envers nos parents qui ont bien fait de choisir de prendre une décision aussi bien aventureuse que douteuse, d’avoir signé un contrat de 5 ans pour venir travailler dans un pays si lointain et totalement inconnu du 20ème  siècle, qui furent les anciennes Nouvelles-Hébrides. Nos parents, originaires des régions pauvres et surpeuplées dans le delta du Tonkin (Nord Viet Nam), majorités ce sont les paysans des provinces de Nam dinh, Thai binh, Ninh binh, Hai duong, Ha nam, Hung yên, Kiên an etc… Des régions basses toujours menacées et envahies par les redoutables crues et inondations meurtrières, d’où sévisse l'interminable famine. Ce fût donc la raison dont nos parents ont été obligés de choisir leur propre issue.

 10/8/1920. Le cargo "Roberto Figueras" débarquant des premiers  travailleurs indochinois à Port Vila.

D’autre part, nous sommes très heureux d’apprendre que le service des relations culturelles de l’Ambassade de France du Vanuatu avait la bonne intention d’organiser une « Expo Vietnam » en 2020 à Port Vila, marquant l’évènement du Centenaire de la présence des premiers ouvriers vietnamiens dits coolies tonkinois engagés sous-contrat de 5 ans de travail aux anciennes Nouvelles-Hébrides du 20ème siècle. Ce dont, nous tenons à exprimer  nos sincères remerciements.

Les vicissitudes de l’histoire de la « diaspora » des engagés vietnamiens au pays de l'Eldorado ont eu un rapport et un lien étroit avec la colonisation française des Nouvelles Hébrides. D'après le rapport de l'Inspecteur des Colonies, on a pû enregistrer de nombreux incidents dans certaines plantations. Notammant le non-respect des clauses du contrat, les brutalités et atrocités des colons, les tâches pénibles, la nouriture insuffisante, les maladies sans médicaments etc... Tout cela fait partie de l'histoire. Que notre vénérable DONG Sy Hua a écrit dans son fameux livre intitulé:  De la Melanesie au Viet Nam où l’itinéraire d’un colonisé devenu francophile:

« À mes amies et amis français de tous âges, de toutes conditions, de tous bords, anciens et nouveaux, connus et inconnus, qui m’ont aidé à découvrir les vrais français et la France de toujours, à me décoloniser, et à me débarrasser de la haine qui me rongeait depuis près d’un demi- siècle ».




Selon Madame Frédérique TAILHADE, auteur de la fameuse thèse intitulée « La Colonisation des Nouvelles Hébrides  et les indochinois», certains anciens colons de renom, ont reconnu que « les Nouvelles-Hébrides ont été faites par les Viêt ». 



 
Effectivement, d’après certaines sources officielles et suivant le rapport de l'Inspecteur des Colonies, le nombre de ces travailleurs engagés d’origine du Tonkin (Nord Viet Nam) de 1920 à 1940, atteignait 35.379 personnes venant et partant avec une durée de contrat de travail de 5 ans. Or, il est aussi important de souligner sur le fait que la présence des vietnamiens aux Nouvelles-Hébrides en général fût enregistrée à une date antérieure. Ce dont quelques faits ci-dessous pouvaient les attester :
 


 Ancien tribunal mixte du Condominium de Port Vila Nouvelles-Hebrides

Audience correctionnelle du 1er Septembre 1913 au Tribunal mixte à Port Vila :

…"Attendu que par exploit daté du premier septembre 1913 N’Guyen Van Hoi a été cité à l’accusation d’avoir vendu de bon matin, le quatorze août 1913 à un indigène de Santo (Nouvelles-Hébrides) nommé Sam ou Frond, demeurant à Port-Vila, un demi litre de rhum pour la somme de deux shillings ;

Attendu que un procès-Verbal du Commandant de milice française en date du quinze août 1913, et de 1'aveu du contrevenant, il résulte que le quatorze août 1913, à Port-Vila (Nouvelles Hébrides) le nommé N'Guyen Van Hoi a vendu à l’indigène Sam ou Frond de Santo. (Nouvelles Hébrides) une demi bouteille de rhum, pour la somme de deux francs et cinquante centimes;"

…"Attendu que le Contrevenant est en état de récidive légale pour avoir été condamné le vingt et un avril 1911 pour la même contravention ; qu’il y a lieu d’en tenir compte dans l’application de la peine ; Par ces motifs : Condamne N’Guyen Van Hoi à cinquante francs d’amende à trois jours de prison et en tous frais et dépens.

."Affaire No219 Audience correctionnelle du 9 septembre 1913.



Beaucoup d’autres audiences se sont poursuivies dans les années 1913 jusqu’en 1919. En générale, pour le même sujet : vente d’alcool aux indigènes.
 

…"Attendu que par un exploit date du vingt quatre septembre mil neuf cent treize, N' Guyen. Van Thing a été cite a comparaitre devant ce Tribunal pour répondre a 1'accusation d'avoir
Vendu le lundi vingt deux septembre mil neuf cent treize, a environ dix heures et demie du matin dans une salle de débit nommée "Bar du Condominium", a Port-Vila, ile de Vaté, Nouvelles Hébrides, aux indigènes : Daniel Tenene de Maré, iles Loyautés, Nouvelle Calédonie, Toten et Kalman d'Erakor, ile Vaté, trois verres d'absinthe, pour un poisson, ce qui constitue une infraction a 1'article 59 de la Convention du 20 octobre 1906 et a l'arrêté conjoint du 14 janvier 1911;"

"Attendu que de l'aveu même du contrevenant et des débats il résulte que N'Guyen Van Thing dit Bah, a le vingt deux septembre mil neuf cent treize, à Port-Vila (Nouvelles-Hébrides ) vendu de l'absinthe aux indigènes Daniel, Toten et Kalman;"

"Par ces motifs :

Le Tribunal condamne N’Guyen Van Thing dit Bah a 25 (vingt cinq) francs d’amende et en tous frais et dépens."

Affaire No 224 Audience correctionnelle du trois octobre 1913






"Attendu que par un exploit en date du vingt six septembre mil neuf cent treize, Phan Van Bir a été cité à comparaitre devant ce Tribunal pour répondre à l’accusation d’avoir vendu, le samedi vingt septembre mil neuf cent treize, vers midi, dans sa maison, située près de celle de Monsieur Lepeltier à Port-Vila, à l’indigène Louis d’Aoba, Nouvelles-Hébrides, deux verres de vin pour la somme de dix pence (environ un franc) ce qui constitue une infraction à l’article 59 de la Convention du 20 octobre 1906,

Attendu que de l’aveu même du contrevenant et des débats il résulte que Phan Van Bir a le vingt septembre mil neuf cent treize, à Port-Vila, (Nouvelles-Hébrides) vendu deux verres de vin à l’indigène Louis d’Aoba (Nouvelles-Hébrides) ;" …

"Par ces motifs :

Le Tribunal condamne Phan Van Bir à vingt cinq francs d’amende et en tous frais et dépens."

Affaire No 226 Audience correctionnelle du 7 octobre 1913.

 

"Attendu que d'un procès-verbal dressé, à la date du 21 Juillet 1916, par M. Boibelet, gendarme, adjoint au Commandant de la Section française de la Milice, des débats et aussi des aveux du contrevenant, il résulte la preuve que celui-ci, Ha Van Gioi, a, le 14 Juillet 1916, en son habitation sise près du Lagon, île Vaté, vendu des boissons alcooliques aux indigènes Poui, de Santo et Tommy, d'Aoba;" "Par ces motifs,

Déclare HA VAN GIOI atteint et convaincu de l'infraction c--dessus spécifiée; Et lui faisant application des textes dont lecture a été donnée à l'audience. Le condamne à quinze jours d'emprisonnement et à cinquante francs d'amende et aux frais."

AFFAIRE No. 299

AUDIENCE DE SIMPLE POLICE DU MARDI 1er AOUT 1916


Attendu que d'un procès-verbal dressé le 31 Août dernier par M. DELIGNY, Commissaire de police français, et aussi des aveux du prévenu, il résulte la preuve que ce dernier a, le 11 Août 1917, vendu des boissons alcooliques et notamment du rhum aux indigènes BANKOR et LENKOU d'Ambrym, engagés de la P.I.I.C à Mélé,"

"PAR CES MOTIFS:
Déclare le prévenu N'GUYEN VAN DAO atteint et convaincu de l'infraction ci-dessus spécifiée,Et lui faisant application des articles 59 et 61 dont lecture a été donné à l'audience. Le condamne à quinze jours de prison et a une amende de cinquante francs et aux frais."
AFFAIRE 355
AUDIENCE DE SIMPLE POLICE DU VENDREDI 14 SEPTEMBRE 1917
 

Alors, qui sont-ils ? Selon certaines sources, parmi eux se trouvent les déportés politiques du pénitencier de Poulo-Condor (Sud Viet Nam) exilés en Nouvelle Calédonie depuis 1891. En 1900, certains d’entre eux ont été transférés à Port Vila et à Santo Nouvelles-Hébrides, faisant le travail de corvée dans les établissements des autorités françaises locales. Ceux, obtenus les bonnes notes de conduite ont été envoyés travailler dans les plantations. Certains ont un niveau intellectuel, parlant couramment le français. Ils ont été nommés au poste de contremaitre, voire même secrétaire aidant les patrons planteurs à gérer la comptabilité et le travail de gestion de la plantation.


 
Le 10 Aout 1920. Les premiers travailleurs engagés vietnamiens ont mis les pieds sur le sol hébridais par l'embarcadère du Cercle Civil de Port Vila. (Photo internet)


10/8/1920. 145 premiers travailleurs engagés vietnamiens dits tonkinois sont arrivés
à Port Vila Nouvelles Hébrides/Vanuatu par le cargo Roberto Figueras.
10/8/1920. 145 fes vietnamis woka kolem tonkiniz anda kontrakt oli kam
long Port Vila New Hebrides/Vanuatu wetem kargo ship Roberto Figueras.

LES RECRUTÉS SOUS-CONTRAT 

Les premiers travailleurs engagés venus aux Nouvelles-Hebrides ont été placés sous quarantaine sanitaire pendant 10 jours au dépôt central de Port Vila qui se trouve au bas flanc de la côte, juste à côté de l’hôpital indigène (actuel building Pompidou). À partir de là, les engagés perdent leur vrais noms et ont reçu chacun une sorte de badge d’immatricule correspondant au numéro inscrit sur leur contrat d’engagement. Soi-disant, que les noms vietnamiens sont trop compliqués à prononcer avec leurs accents.



1920. Hôpital indigèneà Port Vila Nouvelles Hébrides (Actuel Pompidou)

Après la quarantaine, le nombre des travailleurs plus ou moins nombreux, ont été distribués aux colons suivant la grandeur de leurs plantations. Les plus heureux ont eu la chance d’être répartis dans les propriétés tout près de la ville de Port Vila comme plantations de la famille Colardeau, Amiot, Des Granges, LG Frouin Mele, Russet, Bladinieres, de Preville etc… Plus loin : Mitride, Hannequin, Jocteur, Stuart, Ohlen, Belloc, Allegre,Teuma etc… Les moins heureux se trouvent envoyer dans les iles : Santo, Mallicolo, Epi etc…




1923. Sur la photo dessus et dessous, le dépôt central ou centre de quarantaine servant à l’inspection d’hygiène
pour recevoir les engagés venus d’Indochine et répartis dans les plantations des Iles.
Dépôt o kamp. Ples we oli risivim ol woka i kam long Indochina. Oli mas pasem wan inspeksen
blo helt blo luksave se ol niufala man i no kat sik, bifo sendem olgeta i ko wok long ol aelan.
 



 

TABLEAU. - Rythme d’arrivée des travailleurs vietnamiens, 1921-1940 : (Rapport de l’Inspecteur des colonies)

Années :     1921  1922  1923   1924  1925  1926  1927   1928   1929  1930   1931    1936  1937   1939        Total
Arrivées :    145   102     437   1156  1623   2888  4293   4862   5315  5413   3372    2040  1630   2130      35379


 

 Copie d'un exemplaire du contrat de travail pour les recrutes d'Indochine

Dès lors et tandis que la période de la production massive succédait à celle de la création, le débit du recrutement local ne pouvait plus pourvoir aux besoins multipliés, intensifiés, élargis. Les statistiques que, peu après ma prise de fonctions, j'ai fait établir, en avril 1925, faisaient ressortir qu'à cette époque — ainsi que l'a indiqué M. Delamarre, dans son rapport d'ensemble —, les cultures faites par les Français couvraient 15.189 hectares. Leur superficie a été augmentée, depuis, d'environ 2.500 ha. De nouveaux colons, presque tous anciens combattants de la Grande Guerre — (20 sur 23) —, ont été installés sur des concessions accordées par le haut-commissariat. Avec de nombreuses et puissantes sociétés créées depuis fin 1924, de vastes défrichements sont en cours.


LE RECRUTEMENT


Ils étaient recrutés avec la modique somme de cent vingt piastres, soit 1 200 francs à l’époque, pour une durée de cinq ans, […], à des conditions apparemment très acceptables pour des affamés, des miséreux (comme ce fut mon cas) : 80 francs de salaire par mois pour les hommes et soixante pour les femmes (nous ne nous doutions pas que les prix étaient au moins dix fois plus élevés aux Nouvelles-Hébrides que dans notre pays) ; 500 grammes de riz par jour, 250 grammes de pain, 250 grammes de viande, et puis des légumes verts ou secs, de la graisse, du sucre, du thé ; deux vêtements par an ; couverture et moustiquaire au départ et au milieu du séjour ; logement décent ; soins médicaux gratuits pour le travailleur et pour ces enfants. Si les clauses du contrat étaient correctement appliquées, c’était le paradis, y a pas à dire ! ».
« Pour recruter des coolies, c’est pas compliqué. On les embobine avec rien les Niaqhé. De beslles photos de plantations où on voit les villas des assistants, les automobiles, les jardins. Des coolies bien habillés aussi, photo prise bien sûr le jour de la distribution des vêtements. Ah, j’oubliais le plus important une photo de la paye avec une table pleine d’argent. Ça leur fait de l’effet. Ensuite, tu enchaînes avec le salaire : 0,40 piastres par jour, tu parles si c’est le Pérou pour eux qui sont habitués à toucher 15 sous. Bien sûr tu oublies de leur dire que la vie sur la plantation est très chère. […] Et là, si tu sens quelque réticence, tu abats ton atout maître. Le coolie perçoit une avance de dix piastres. Tu leur montres la monnaie et ils signent sans réfléchir, ces bêtes-là. Les engagés Tonkinois sont recrutés dans leur village, par voie de presse accessible à ceux qui savent lire, et par la venue de « représentants » vietnamiens, ou caï, au service d’un recruteur.
(Extrait de l'Echo economique de l'Indochine)





1920-1964. Parmi les recrutés vietnamiens au nombre de 35.379, il faut déduire les morts, les disparus qui s’élèvent à plus de 1.200 personnes qui se trouvent enterrées dans divers cimetières de Santo de Port Olry jusqu’à Malo, Port Vila et ses environs, Mallicolo de Norsup jusqu’à Lamap, Epi etc…
 


 


 1930. Les travailleurs engagés vietnamiens travaillant dur dans les plantations. Sur la photo on voit
les hommes et femmes transportant et déplaçant à dos le tronc lourd de cocotier entier.
1930. Long Niu Hebridis bifo, ol vietnamis woka oli stap karem ol hevi stamba blo kokonat tri wetem hand nomo. Taem ia i no kat ol masin blo pikimap ol hevi samting olsem naoia



1928. Image d’une famille de planteur français à l’Ile Vaté Nouvelles – Hébrides entourée
de ses ouvriers engagés, dont les travailleurs engagés vietnamiens et mélanésiens.
1928. Photo i soem wan family blo franis planta wetem ol woka blo hem long Efate aelan
Niu Hebridis. Inkludim ol vietnamis woka mo ol Melanesian woka anda kontrakt.


1938. Rassemblement des travailleurs engagés vietnamiens dans une plantation
Aux Nouvelles-Hébrides lors du passage de l’Inspecteur du Travail des Colonies.
Photo tekem long 1938. Ol vietnamis woka oli hipim long wan plantesen, taem I kat wan
Bigman blo Gavman blo Koloni i kam blo jekem ol kondisen blo wok I gut o no gut.



1944. Image des enfants d’engagés vietnamiens sous-contrat nés à Santo aux Nouvelles
Hebrides. Photo prise dans une plantation par un soldat de la US Navy.
1944. Photo ia i soem ol pikinini blo ol vietnamis woka anda kontrak long Santo Niu Hebridis.
Wan soldia blo Amerikan US Navy hemi tekem photo ia long wan plantesen.







1930. Les photos démontrant le travail des travailleurs engagés vietnamiens dits tonkinois dans les plantations aux Nouvelles-Hébrides.
1930. Ol photo ia i soem ol vietnamiz woka oli stap wok long ol plantesen long Niu Hebrides bifo.


REVENDICATIONS DES DROITS DU CONTRAT DE TRAVAIL


Dans une majorité de cantonnements, les Tonkinois ne reçoivent pas leurs maigres rations régulièrement. S’ils les obtiennent, la qualité des produits se rapproche soit de la putréfaction, soit de l’escroquerie. Les rapports d’inspections des années 1930, et ceux repris partiellement par M. Dong Sy Hua, décrivent une situation similaire au cours de la seconde Guerre Mondiale. Les difficultés d’approvisionnement engendrées par les perturbations du trafic maritime sur le front Pacifique, ont conduit à des restrictions alimentaires qui affectent tout le monde et plus cruellement les travailleurs engagés. Au cours des grèves de 1945, manger à sa faim est une des principales revendications  bien qu’elle passe après le désir de rapatriement. Au cours de cette période, l’augmentation des rations alimentaires proposées par les autorités métropolitaines, sont un argument pour calmer les revendication sociale des annamites, mais elles ne sont pas mises en pratique localement. Le contrôle de la nourriture constitue un moyen d’avilir les engagés tonkinois : les décisions arbitraires de diminuer les rations alimentaires sont courantes. Les rendements exigés n’induisent pas de suppléments alimentaires mais les rendements non atteints sont sanctionnés par une diminution des rations. L’interdiction de vendre des produits de première nécessité aux employés « difficiles » est une autre forme de sanction. Comme lors des grèves entre 1945 et 1946, les stores des mines de Voh se refusent à fournir du riz aux travailleurs indochinois grévistes.
Les engagés Tonkinois ont régulièrement revendiqué contre les manquements aux contrats et dénoncent l’attitude de certains colons ou contremaitres à leur égard. Les journaux et les autorités coloniales calédoniennes font peu de cas de ces mouvements plus ou moins violents et organisés, sauf pour informer de meurtres, de vols de la part des engagés. Sur les plantations et les sites miniers isolés, les premières revendications individuelles ou en petits comités n’apportent aucune amélioration et sont vites réprimées. (Extrait du journal "Les Annales coloniales")







Bien que cela ne fut jamais confirmé officiellement, tous les rapports de l’époque imputèrent l’accident à un geste de malveillance des travailleurs indochinois. En 1931, un colon, Chevalier, fut tué par ses ouvriers sur une plantation de Santo : on fit alors venir la guillotine de Nouméa pour exécuter publiquement six des responsables. Ce jour-là, comme l’écrivit un témoin de l’époque, l’ensemble de la communauté vietnamienne porta ostensiblement le deuil.
 
 L'ancienne Milice française de Port Vila Nouvelles-Hebrides à côté de l'hôpital français. Eut lieu l'éxécution capitale des 6 condamnés tonkinois liés à l'affaire de Malo Pass de Santo.

  L’affaire Malo Pass, 1929

Récit  de Me LG FROUIN
Pour obtenir de meilleurs rendements, le nouveau gérant de la plantation de Malo Pass sur l’île de Malo, employé dès juin 1929 par la Compagnie Agricole et Minière des Nouvelles-Hébrides, utilise régulièrement les coups de poings, les coups de pied, le nerf de bœuf sur les engagés tonkinois et néo-hébridais, sans compter les retenues sur salaires effectuées lorsque les rendements ne sont pas atteints. Les travailleurs désobéissants et paresseux sont quant à eux placés dans une fosse recouverte de tôles et de madriers. Des évasions se succèdent. D’ailleurs, une sorte de dicton dit approximativement : « Qui a été emprisonné aura à s’échapper. » Un Tonkinois évadé, ravitaillé par ses compatriotes de la plantation, est allé vivre dans la brousse.

Face à cette violence, quatre Tonkinois arrivés aux Nouvelles-Hébrides sous de faux noms, considérés comme des meneurs, préméditent le meurtre du nouveau gérant avec de nombreux complices. Profitant d’un moment où ce dernier se trouvait seul sur la plantation, ils le guident vers la cuisine du cantonnement, prétextant la venue d’un évadé. L’un des Tonkinois le frappe avec deux coups de hache derrière la tête. Les autres plantent leurs sabres d’abattis dans le corps étendu, mort. L’enquête prouve la présence d’un complot et d’un pacte réunissant une vingtaine d’engagés autour de deux bouteilles de vermouth. Au procès se tenant à Port-Vila, le verdict condamne à mort quatre Tonkinois, trois autres aux travaux forcés à perpétuité, sept aux travaux forcés et six sont acquittés. Par mesure de sécurité, les condamnés sont envoyés en Nouvelle-Calédonie dans l’attente d’un pourvoi en cassation et d’un recours en grâce. Le 27 août 1931, les quatre condamnés à mort sont guillotinés sur la place de la Milice française à Port-Vila. Pour l’occasion, la guillotine est transportée de Nouméa vers Port-Vila par le Lapérouse avec les condamnés.

Encore aujourd’hui, pour les descendants de Chân đăng, les « rebelles martyrs de l’affaire Malo Pass » gardent en eux une charge mémorielle, honorée par un monument aux morts commémoratif sur l’île d’Efate. Ils symbolisent à la fois les victimes de la domination coloniale et la lutte contre cette dernière. Bien d’autres délits et meurtres peuvent être évoqués, comme en 1943 sur une plantation d’Epi, après l’assassinat du gérant, suite aux violences subies après une évasion. (Extrait du journal "Le Néo Hebridais")
 


LA GREVE DE 1945 à Santo

Aux Nouvelles-Hébrides, le 8 mai 1945, les Tonkinois refusent de travailler sur les trois plantations de Santo, Aoré et Malo. Une escouade de miliciens, avec des hommes alignés en position de combat, ordonne le rassemblement des coolies. Le délégué crie au Tonkinois : « C’est une rébellion ? » Après la traduction de l’interprète, le plus avancé des 5 hommes du premier rang commence : « Monsieur le grand mandarin… » et le délégué demande de faire feu : Mai Viet Tuc et Nguyen Van Trang s’effondrent. Trois grévistes, dont une femme, sont blessés et les autres s’éparpillent. La délégation composée du chancelier de la Résidence de France, du chef du service de l’immigration du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie et de l’interprète N’Guyen Duc Than, arrivé le lendemain, se cloître craignant une réaction des Tonkinois. Leur doyen demande d’enterrer les morts avant de reprendre les négociations. Après enquête, la violence physique « coutumière » des contremaîtres et du patron est désignée comme étant à l’origine de cette grève. Une demande de retrait de main d’œuvre se solde par une réponse du Haut-Commissaire, d’août 1945, stipulant de ne mettre en œuvre « aucune poursuite judiciaire relative à l’incident de Santo » et de retarder tout retrait de main d’œuvre jusqu’à la prise de décision sur le régime du travail. Les discussions sur la mise en résidence des engagés asiatiques ont permis aux trois employeurs concernés d’échapper temporairement à la perte de leur main d’œuvre. (Extrait du Rapport de l'Inspecteur dé Colonies)




1943-1946. Le débarquement des troupes US a complètement changé la vie sociale et économique Nouvelles-Hébrides.

 
 PATRIMOINE CULTUREL 
des anciens travailleurs engagés vietnamiens aux Nouvelles-Hebrides/Vanuatu.

 
1944. Constructions des portiques de l'ancienne église vietnamienne de Mele et du cimetière de la communauté catholique vietnamienne à Port Vila.

 1948-1954. L'ancienne église vietnamienne à Port Vila a été reconstruite par la Communaute catholique vietnamienne. 2004. Un memorial a été  érigé en mémoire des adeptes et bénévoles.

1945. L'autel des cultes au cimetière des vietnamiens à Port Vila a été construit grâce aux dons des bénévoles: Madame Nguyên thi But (épouse de Mr LOPO commerçant chinois à Port Vila), l'Amicale et l'Union des travailleurs vietnamiens ainsi que les bénévoles des sections représentatives des provinces de Nam dinh, Hai duong, Ninh Binh, Hung Yen, Kien an, Thai binh, Ha nam etc...


REVENDICATION DES DROITS DE L'HOMME


De gauche à droite sur la photo, on reconnait: MM Trân Tich - Dang Long Huong (President de l'Amicale VN) - Trinh Thông - Hoang Xuan Khat (le sage tenant le drapeau) - Dong Sy Hua (Leader du Syndicat VN) - Nguyên Dac Cat (Tresorier) - Bui Gia Dzu (Enseignant) - Bui Huu Gia et Vu Van Mao.
Le 30 juin 1946, 3 drapeaux sont érigés rue Higginson à Port-Vila ; au centre celui de la République du Vietnam à droite le drapeau français et l’Union Jack à gauche. Les revendications de ces grèves commencent avec les salaires, les rapatriements et les questions alimentaires




1915-2005. Le vénérable ĐÔNG Sỹ Hứa. Ancien fonctionnaire-interprète de la Résidence de France
à Port Vila de 1938 à 1945. Il a démissionné de son poste et devenu leader du Syndycat Vietnamien à Tagabe. Considéré comme meneur de troubles, il a été expulsé du territoire par les autorités locales en 1947.
Masta Dong Sy Hua hem i wan wokman blo franis gavman long 1938 kasem 1945. Afta hemi risaen moa lidim Vietnamiz Union woka long Tagabe kamp. Lokol gavman oli sakem hem i ko bak long Viet nam long 1947.


1956. L'Association Lien Viet de la Communauté vietnamienne à Port Vila Nouvelles Hebrides.


1946. Le Syndicat des travailleurs vietnamiens au campement de Tagabe - Vate Nouvelles-Hébrides.


1946. Pour préserver la culture du Viet Nam, une  formation de la 1ere Ecole enseignant le vietnamien à Port Vila Nouvelles-Hébrides dirigée par MM TRINH Van Thuât,  BUI Gia Dzu et NGUYEN HUU Dang
1946. Fes skul lanem vietnamiz lanus we Masta TRINH Thuất, BUI Gia Dzu mo NGUYEN Huu Dang i titsim.


  1952. La Mission Catholique vietnamienne à Port Vila. 


  1952-1958. Beaucoup de jeunes vietnamiens ont fréquentés l'éecole publique française et Sainte Jeanne d'Arc à Port Vila.

  1956. Ecole vietnamienne à Tagabe. Ensignants: MM DANG viet Thê, NGUYEN Van Dai (Jean van Jean) et DUONG Van Dam.
 
1948. 1ere formation du Scoutisme vietnamien à Por-Vila Nouvelles-Hébrides.

 1950. 1ere équipe de football des vétérans quadragénaire (40 ans) des travailleurs engagés vietnamiens à Port Vila N.H.

 1960. Sélection de l'équipe de football des vietnamiens à l'âge cinquantenaire (50 ans) de Tagabe Efate Nouvelles Hébrides.


1962. L'Union Sportive Vietnamienne (USV) des jeunes footballeurs de 2eme génération, descendants des travailleurs engagés vietnamiens à  Port Vila Nouvelles-Hebrides.
1962. Football. Team blo yangfala vietnamis pipol USV (Union Sportive Vietnamienne). Oli plei wetem SUMAT - Team blo Maxime Carlot Korman.

1960. Formation du groupement theatral de la Jeunesse vietnamienne de Tagabe - Vate - Nouvelles-Hebrides.




1960. Station des Taxis vietnamiens devant la Maison culturelle du Condominium à Port Vila Nouvelles Hébrides. Les Land Rover 4x4 en premier lieu. Les Simca, Peugeot, Renault. En arrière-plan, les magasins Lo Lam, Fung Kwan Chee etc...
Ples blo Taxi blo ol vietnamis we i stap long foret long Kalja senta blo Kondominium bifo long Port Vila. Taem ia i kat fulap ol Land Rover 4x4.

1962. Groupement des danseurs de la Licorne à Tagabe



28 Juillet 1963. Dernier ADIEU à Port Vila. Le grand rapatriement des vietnamiens de Port Vila et de Santo sur le paquebot Eastern Queen pour Hai phong.
Last farewell blo ol vietnamis oli ko bak long home blo olgeta long Viet nam wetem s/s Eastern Queen.





Sincèrement, l’auteur du Blog avait l’intention de dédier  ce bref reportage en mémoire des anciens travailleurs vietnamiens aux Nouvelles-Hébrides en général et de ses parents en particulier. Et aussi de citer quelques lieux mémorables comme les plantations Belloc à Tukutuku, Le Stade mubicipal, la Milice française, Melcoffee etc… Et aussi les noms de certains employeurs comme la famille Belloc, famille François ROSSI, famille Coustard de NERBONNE, la famille LG FROUIN  etc… dont nous garderons toujours de bons souvenirs.

L’auteur de ce récit tient particulièrement à remercier Mme Virginia LEE (Bà Tưởng), Monsieur PETIT Fred, Monsieur Feu Georges TRINH Quang Khanh de leur précieuse documentation et certaines inestimables photos.


Nous venons de parcourir le bref reportage de souvenir sur la longue histoire de la diaspora des travailleurs vietnamiens aux Nouvelles-Hebrides. L'auteur du BLOG vous salue amicalement et tient à  exprimer à toutes et à tous de ses sincères remeciements et de ses amitiés.