LE
BICHELAMAR OU BISLAMA
de L’ARCHIPEL
du VANUATU
Recherche sur internet - Bislama Source Wikipedia
Par Jean Van Son
Préface
Constatant
que beaucoup d’anciens ex néo-hébridais avaient eu de la chance de se retrouver
grâce à Facebook. Et que les nouvelles
retrouvailles nous permettraient de faire part des commentaires, des partages bien
souvent en bislama. Donc, l’auteur de cette petite recherche aurait bien voulu la
faire dédier à toutes les personnes désirant découvrir l’origine d’un langage
que depuis tout petit, beaucoup d’entre nous a eu l’occasion de s’en servir comme une langue véhiculaire. Merci en vous souhaitant bonne chance à Toutes et à Tous.
Yumi
stap lukluk se fulap blo olgeta we oli bon long Niu Hebridis bifo oli wantem talem
tankio lo Facebook blo givim janis blo faenemaot ol olfala mo niufala fren blo
olgeta. Evriwan i glat tumas blo save tokbaot long ol naes souvenir blo bifo, olgeta
i hapi mo stap serem ol tingting blo olgeta wetem ol toktok. Fulap oli no
fogetem mo stap usum lanwis blo bislama. Mi
stap lukluk mo faenem long wikipedia oli raetem histri blo bislama. Taswe mi wantem
putum histri ia long Blog blo evriwan blo yumi i luksave histri blo hem. Tankio
mo wisim gudlak long evriwan.
LE BISLAMA de l’archipel du Vanuatu
Le bichelamar,
aussi appelé bichlamar ou bislama (autonyme : bislama),
est un créole à
base lexicale anglaise, parlé au Vanuatu (anciennes Nouvelles-Hébrides).
C'est
la langue véhiculaire de
cet archipel qui compte, par ailleurs, environ 130 langues
vernaculaires. Depuis son indépendance en 1980,
c'est aussi l'une des trois langues officielles de
la République du Vanuatu, à égalité avec le français et l'anglais.
Le mot bichelamar vient
du portugais bicho do mar « bête
de mer » qui désigne un animal marin, l'holothurie1. En français, cet animal est appelé concombre
de mer, mais parfois aussi bêche de mer ou biche
de mer, notamment dans l'océan Pacifique (Nouvelle-Calédonie...).
L'anglais ne connaît que sea
cucumber. Les holothuries sont un produit consommé par les Chinois :
leur commerce se fit d'abord avec les Malais, puis il s'étendit au
Pacifique-Sud. Au milieu du xixe siècle, des trafiquants, les beachcombers (« tamiseurs de
plages » ou « batteurs de grève »), allèrent la ramasser
sur les récifs des îles mélanésiennes pour la revendre en Chine.
La langue parlée entre ces navigateurs et les populations locales, sorte
de sabir à base d'anglais et de quelques
autres langues comme le portugais, constitue la toute première forme du
futur pidgin qui allait se répandre dans toute
la Mélanésie. C'est ainsi
que le terme bichelamar a fini par désigner l'une des
variantes de ce pidgin. La forme bislama est la prononciation
de ce même mot dans le pidgin lui-même, et sa graphie officielle dans cette
langue.
Dans
la première moitié du xixe siècle,
la Polynésie a été le lieu d'une importante pêche à la baleine. De
nombreux autochtones ont été
engagés dans les équipages des baleiniers. C'est l'origine d'un premier pidgin
utilisé entre membres de ces équipages. Le nombre de baleines a décru
progressivement, et donc leur pêche, mais le pidgin est resté comme langue de
communication.
Dans
le même temps, en 1827, la présence de bois de santal a été révélée dans l'île d'Erromango. Ce bois précieux, très prisé en
Chine, a été l'objet d'un intense commerce effectué par les marchands
australiens. Ces deux activités se sont ajoutées à l'exploitation de
l'holothurie, et à son exportation vers la Chine.
Au
cours du xixe siècle,
le bichelamar est également parlé, parmi d'autres langues, en Nouvelle-Calédonie2.
Prière de cliquer sur le lien ci-dessous pour regarder la
video:
Blackbirding
https://youtu.be/m0VIgCgdqyM
Mais
aux environs de 1860, toutes ces activités déclinèrent. C'est à cette époque
que se sont développées de nouvelles plantations en Australie, spécialement
au Queensland : canne à sucre surtout, mais
aussi coton et coprah. Ces cultures réclamant beaucoup de
main d'œuvre, c'est près de 50 000 habitants du futur Vanuatu qui
furent enlevés pour travailler dans les plantations, au cours d'une période
connue sous le nom de « Blackbirding ». Les
travailleurs étaient engagés pour une durée théorique de 3 ans, mais certains
ont effectué deux, voire trois fois cette période. Les travailleurs venant
d'îles différentes, et donc parlant des langues différentes, utilisèrent
naturellement entre eux le pidgin qui émergeait alors. En effet, pour
communiquer entre eux, ces travailleurs déracinés utilisaient un parler véhiculaire,
comportant un vocabulaire anglais mais conservant la syntaxe des langues
mélanésiennes. Ce pidgin est à l'origine du tok pisin aujourd'hui parlé en Papouasie-Nouvelle-Guinée ;
du pijin parlé aux îles Salomon ; et du bislama parlé
au Vanuatu.
Biches de mer séchées
Pourquoi les holothuries (biches de mer) sont tellement appréciées en Chine?
Certains des comportements des holothuries (durcissement,
expulsion des tubes de Cuvier, éviscération) ont valu d'après l'écrivain
aventurier Henry de Monfreid aux holothuries de Mer Rouge le nom vernaculaire
et imagé de Zob el Bahar (le pénis de la mer) et ont initié une pêche destinée
à la préparation (réputée aphrodisiaque) de l'holothurie séchée, à destination
du marché chinois, et entrant entre autres dans les spécialités culinaires orientales.
Mets particulièrement recherchés à l’occasion des fêtes de mariage et
autres festivités chinoises, les holothuries sont également prisées pour leurs
qualités aphrodisiaques.
Les plats succulents chinois à base de holothuries
À
la fin de la période du Blackbirding, alors que les travailleurs rentraient
chez eux autour de 1910, le bislama s'est stabilisé linguistiquement, puis a
commencé à se répandre comme lingua franca,
dans tout l'archipel du Vanuatu (alors nommé les Nouvelles-Hébrides).
Lors de l'indépendance en 1980, il devient langue officielle, aux côtés du
français et de l'anglais. De plus, en 1981, les Églises de Vanuatu ont accepté
d'utiliser le bislama comme langue de communication avec leurs fidèles. Tout
ceci a considérablement renforcé la position de cette langue, peu considérée
jusque-là. Au cours des dernières décennies, les courants migratoires,
l'urbanisation, les mariages entre groupes linguistiques différents, le livre
et la radio ont contribué au processus de créolisation du pidgin-english : le bislama, dans les
deux zones urbaines du pays (Port-Vila et Santo), est ainsi devenu la première langue de
nombreux locuteurs qui ont cessé de parler leur langue d'origine. Il garde
néanmoins son statut de pidgin (langue véhiculaire) dans les zones rurales du
Vanuatu, qui continuent encore aujourd'hui à parler les langues vernaculaires
d'origine.
Le
bislama est actuellement la langue la plus utilisée dans l'archipel du Vanuatu,
aussi bien dans la vie quotidienne que dans les médias ou au parlement, faisant
office de terrain neutre dans un pays partagé entre les influences française et
anglaise.
Alphabet et prononciation
(Remarques: les consonnes C, Q, X, Z n’existent pas dans
l’alphabet bislama)
Voyelles
A, I, O = comme en français
E = /e/ ou /ɛ/
U = /u/
Consonnes
B, D, F, K, L, M, N, P, R, S, T, V, Y =
comme en français
G = /ɡ/, souvent
confondu avec K
H = comme en anglais, muet chez certains
locuteurs
J = entre /dʒ/ et /tʃ/
W = /w/, comme
dans watt
Diphtongues
AE = proche de aille (/aj/)
AO = proche de l'anglais ow (/əʊ/)
Grammaire
Pronoms personnels
Singulier
mi ( < me ) : je
yu ( < you
) : tu
hem ( < him
) : il, elle
Duel
yumitu ( < you me two ) : nous
deux inclusif (toi et moi)
mitufala ( < me two fellow ) :
nous deux exclusif (moi et lui)
yutufala ( <
you two fellow ) : vous deux
tufala/tugeta (
< two fellow, together ) : eux deux, ensemble
Triel
yumitrifala ( <
you me three fellow ) : nous trois inclusif (vous deux et moi)
mitrifala ( < me three fellow
) : nous trois exclusif (nous trois)
trifala ( <
three fellow ) : eux trois
Pluriel
yumi ( < you me ) : nous
inclusif (nous tous)
mifala ( < me fellow ) : nous
exclusif (eux et moi)
yufala ( <
you fellow ) : vous (>3)
ol/olgeta ( <
all (to)gether ) : eux, elles (>3)
Phrase de base
Il n'y a pas de verbe être utilisé
comme copule.
mi dokta = je suis docteur
yu smol = tu es petit
Le mot i est utilisé pour indiquer la
fin du groupe sujet à la troisième personne du singulier.
hem i dokta = il est docteur
haos i waet = la maison est blanche
Il est présent même lorsque le sujet est
omis.
i smelem gud = ça sent bon
Le pluriel est introduit par ol, i
devenant alors oli.
ol haos oli waet = les maisons sont blanches
Verbes
Les verbes sont soit invariables, soit
possèdent deux formes.
Verbes invariables :
kakae = manger (également « nourriture »)
swim = doucher (également « baigner »)
dring = boire
Verbes
variables :
giv / givim = donner
bon / bonem = brûler, naître
kuk / kukum = cuire, cuisiner
La forme en em indique que le verbe possède un complément d'objet direct. Par
exemple :
haos i bon = la maison brûle
mi bonem haos = je brûle la maison
Marqueurs aspectuels
no : ne... pas
hem i no kakae yam = il ne mange pas d'igname
nomo : ne... plus (placé avant le
prédicat)
hem i nomo
kakae yam = il
ne mange plus d'igname
nomo : ne... que (placé après le
prédicat)
hem i kakae
yam nomo = il
ne mange que de l'igname
neva : ne... jamais
hem i neva
kakae yam = il
ne mange jamais d'igname
tes : l'action vient tout juste de
se produire
mifala i tes wekap = nous venons de nous réveiller
stat : commencer, début d'un
processus
hem i statem kukum kumala = elle vient juste de commencer à faire cuire les
stap : action en train de se
dérouler, avoir l'habitude
hem i stap kukum kumala = elle est en train de faire cuire des patates douces / elle
a
l'habitude de faire cuire les patates douces
bin : lorsque l'action se déroule à
un moment précis du passé
hem i bin go long Kanal = il est allé à Luganville (principale ville de Santo)
finis : exprime l'accompli
hem i kakae finis = il a fini de manger
mas : devoir, obligation
hem i mas
kakae = il
doit manger
traem :
essayer, tenter
hem i traem
singsing = il
essaie de chanter
wantem :
vouloir, désirer
hem i
wantem go long Kanal = il veut
aller à Luganville
mi wantem
kaekae = Je veux
manger
save : pouvoir, savoir, capacité
mi save toktok bislama = je sais parler le bichelamar
bambae (ou seulement bae): future
hu ia bambae i
karem yu i go kasem haos ? = qui donc t'emmenèneras jusqu'à
la maison ?
niu nem ia
we bambae hem i tekem = le
nouveau nom qu'il adoptera
supos (ou seulement spos ou sipos) :
si, exprime la supposition
supos yumitufala i faenem pig
ia, bae yumi kilim hem = si nous trouvons ce
cochon sauvage, nous le tuerons
Prépositions
Blong (Blo)
Peut se traduire par "de" ou
"pour". Dans un discours rapide, peut être raccourci en blo.
Indique une relation d'appartenance.
haos blong mi = ma maison
naef blong yu = ton couteau
Indique une relation plus générale entre
déterminant et déterminé.
wil blong
trak =
pneu de voiture
mit blong
pig =
viande de cochon
Indique une fonction ou un but.
buk blong rid = livre de lecture
wota blong
dring = eau
potable
mi go long taon blong pem bred = je suis allé en ville pour acheter du pain
Indique un trait de caractère ou une
origine.
hem i man
blong drink =
c'est un ivrogne
hem i blong Tanna = il est de Tanna
Long
Peut se traduire par "à",
"dans", "sur" ou "avec". Dans un discours rapide,
peut être raccourci en lo.
Indique une localisation.
bred i stap long tebol = le pain est sur la table
mi stap slip long haos = je dors dans la maison
Indique le moyen, l'instrument.
mi kam long trak = je suis venu en voiture
mi katem frut long naef = je coupe un fruit avec un couteau
Indique une comparaison.
Frut ia i mo gud long taro ia = ce fruit est meilleur que ce taro
kava long Tanna i mo strong long kava long Santo = le kava de Tanna est plus fort que le kava de Santo
Wetem
Peut se traduire par "avec",
"en compagnie de".
Indique l'accompagnement.
mi kam
wetem yu = je
viens avec toi
Olsem
marque l'identité, la ressemblance
wan fis olsem sak = un poisson comme un requin
wud ia i strong olsem ayan = ce bois est dur comme du fer
From
Peut se traduire par "à cause
de".
Indique la cause.
mi bin kam from hariken = je suis venu à cause de l'ouragan
Interrogatifs
Hamas : combien ?
Hamas mane ? : combien ça
coûte ?
I hamas ? : C'est combien ?
Hu ? :
qui ?
Woman ia hu ? : Qui est cette
femme ?
Nem blong man ia hu ? : Quel
est le nom de cet homme ?
Wanem : quoi ?
Yu wantem wanem ? : Que
veux-tu ?
Wanem nem blong yu ? Quel est ton
nom ?
Wiswan :
lequel ?
Yu tekem wiswan ? : Lequel
prends-tu ?
Wea :
où ?
Yu go wea ? : où vas-tu ?
Wanem taem :
quand ?
Stoa i klos long wanem
taem ? : À quelle heure ferme le magasin ?
Nombres
Cardinaux
1 : wan;
2 : tu; 3 : tri ; 4 : fo; 5: faef; 6 : sikis: 7 :
seven; 8 : eit ; 9 : naen; 10 : ten; 11 : leven ;
12 : twelef; 13 : tetin; 14 : fotin 15 : feftin ;
16 : sikistin ; 17 : seventin; 18 : eitin; 19 : naentin 20 :
twante; 30 : tete; 40: fote; 50 : fefete; 60 : sikiste;
70 : sevente; 100 : handred
Ordinaux
1er:
nambawan (ou fes); 2e: nambatu; 3e: nambatri…
Déterminants
wan : un(e)
sam-fala : des, quelques (sam-fala man)
plante : beaucoup de (Plante man)
ol : les fruits (Ol frut)
wanwan : un
par un (wanwan taem)
evri : tous,
chaque (evriwan blo yumi)
sam we
long : environ (Sam
we long fifti vatu)
ia : ce, cette
(Ples ia i klin)
Superlatif
Se construit avec le terme
« mo »
ol mo naes buluk : les plus beaux
bœufs
Wan mo gud rod : une meilleure
route
Quelques exemples
halo :
Bonjour
olsem wanem :
Comment vas-tu ?
i gud (nomo) :
(très) bien
Tankyu
tumas : Merci beaucoup
Plis : s'il te plait
Gudmoning :
Bonjour
Gudnaet : Bonsoir, bonne nuit
Tata : au revoir
Allez : au revoir
lukim yu : À tout à l'heure, au
revoir
Wanem i rong long yu ? : Quel
est ton problème ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Wet smol :
attend un peu
Hem i man blong dring Tusker :
C'est un buveur de bière (de Tusker, la bière locale)
Baramin– pubel - kontena
Graon i sek : Tremblement de terre
basket blong
sisit : boyau, intestine
basket blong
titi : soutien-gorge
hem i gat gras
tumas man ia : Cet homme est poilu
Pepet/bebet :
insecte
Nakamal : case
des hommes
L’auteur de cette petite recherche et du BLOG aimerait vous exprimer
ses grands remerciements à vous tous d’avoir
lu et suivi ce récit. Et vous adressant ses meilleurs voeux de bonheur et
prospérité. À la prochaine. Lukim Yu...
Prière de cliquer sur ce lien pour écouter l’hymne
national du Vanuatu en bislama :
"Yumi
Yumi Yumi" - Vanuatu National anthem Vocal - YouTube