EXPOSÉ DES DISCUSSIONS
De la Table ronde
à l’Université Nationale du Vanuatu
Publication de Jean Van Son
2/9/2020. Reportage
de la discussion “Table ronde” tenue à l’Université Nationale du Vanuatu à Port
Vila sous la direction de Mr Jean Pierre NIRUA – Directeur de l’Université.
Sujet: “Centenaire
de la présence vietnamienne aux Nouvelles Hébrides/Vanuatu 1920-2020”
Programmes du
jour:
2. Présentation et analyses de Mr Francis Bryard, professeur et historien du Ministère de l’Education du Vanuatu,
3. 40 minutes de commentaires des souvenirs de 1920 à 1963 réservées à Jean van Jean
4. Discours de Mr Gilbert Dinh Van Than.
5. 10 minutes de commentaires des souvenirs de 1963 à 2020 par JVJ.
9. Photos souvenirs.
(40’ de Commentaires de JVJ période de 1920 à 1963).
Nous pouvons le
considérer comme un évènement historique et unique en son genre pour nous tous,
de pouvoir évoquer et de relater les vieux souvenirs en mémoire du passé au pluriel de nos parents et également des
explorateurs, des missionnaires, des colons planteurs européens. Et aussi de parler un peu le haut et le bas de
notre présent.
Permettez moi
de me présenter comme un descendant de la plus vieille famille vetnamienne venue
aux Hebrides dans les années 1924. Sur internet et Facebook, beaucoup de gens me
connaissent sous le nom de Jean van Jean et Jean Van Son sur les Blogs “Les
Nouvelles Hebrides d’hier et aujourd’hui” (Tan dao xua va nay). Et de
Jean tout court au Litchees store en
face du Lycée français Rue Colardeau. Parlant un peu le français, le bichelama,
l’anglais, et naturellement le vietnamien.
En premier lieu,
je me permets de citer un extrait de la thèse de doctorat de Mme Frederique Thailhade
éditée en 1987 intitulée “La colonisation française aux Nouvelles Hebrides et les
Indochinois” comme suit: certains colons de renom ont reconnu que Les
Nouvelles Hebrides ont été faites par les Viets. Comme cette thèse décrit
et se concentre en général sur les problèmes
des travailleurs tonkinois, alors j’ai fait traduire tout le texte à peu près
100 pages en vietnamien et de les faire publier sur mes Blogs. Qui avaient à
peu près 300.000 fois lus par les lecteurs et lectrices du VN et un peu partout
dans le monde.
Les clauses du
contrat entre l’ouvrier tonkinois et l’employeur aux Nouvelles-Hébrides
Pour empêcher les travailleurs indochinois de dépenser
intégralement tout leur salaire, un pécule est prévu. Chaque mois l’employeur
retient sur les salaires acquis une somme de 2 piastres pour les hommes et 1 piastre
pour les femmes, somme versée sur un compte de pécule. Ce pécule est en 1925 un
avantage spécial consenti aux travailleurs indochinois quittant les Nouvelles
Hebrides.
L’employeur doit fournir gratuitement la nourriture, le logement,
les soins médicaux et les médicaments à l’ouvrier pendant la durée du contrat.
La nourriture doit être adaptée aux goûts de l’ouvrier. Pour un travailleur
adulte, sont distribués quotidiennement: 250grs de pain, 500 grs de riz sec,
200 grs de viande fraiche, 400 grs de poisson frais, 300 grs de légumes frais
(ou 150 grs de légumes secs), 20 grs de sel, 5 grs de thé. Pour les enfants de
12 à 15 ans, la ration représente les trois quarts de la ration normale; pour ceux
de 12 ans, la moitié.Pour les enfants en bas âge, l’employeur doit donner une
boite de lait tous les trois jours, 100 grs de riz et 100grs de pain. Si la mère
ne nourrit pas, c’est une boite de lait de 400grs tous les 2 jours qui est prévue.
Le logement doit être convenable et suffisant, comportant
les installations de couchage, élevées d’au moins 50cm au dessus au niveau du
sol et prévues pour recevoir l’ouvrier dès son arrivée.
Les vêtements étaient aussi à la charge de l’employeur.
Pour les hommes: une couverture, deux chemises, deux pantalons. Pour les
femmes: une couverture, deux cache-seins, deux pantalons d’étoffe noire, deux vestes
courtes. Pour chaque coolie également de la quinine, et une moustiquaire. Une nursery
doit être construite et une femme affectée à la garde des enfants.
La durée du travail est de 9 heures par jour. Repos le
dimanche ainssi que les jours de fêtes annamites. Pendant ces jours de fête, les
coolies sont payés comme pendant les jours de travail ordinaire. Obligation pour
les femmes de n’être employées qu’à des travaux convenant à leur sexe.
Après l’expiration du délais de 5 ans, le coolie et sa
famille ont droit à un rapatriement gratuit dans leur vilage d’origine. Le rapatriement
doit être effectué dans les 6 mois suivant l’expiration ou la résiliation du
contrat.
A bord du navire, les indigènes doivent jouir d’un espace
et d’un cubage d’air suffisant pour faire la traversée dans les bonne
conditions”
.Mais hélas! La réalité
apparait souvent bien difrente...
Conditions et temps
de travail d’un coolie tonkinois aux Nouvelles-Hébrides:
D’après mes parents,
le temps de travail normal réglé à 9h00 par jour, mais à la tâche. Qui veut
dire que pendant 9h00 l’ouvrier doit achever un travail déterminé. Par exemple:
pour le coprah, au début la tâche de production était fixée à 180 kilos de pulpe
de coco par personne et par jour de travail. Et au fur et à mesure, cette tâche
s’élève progressivement jusqu’à 350 kilos voire 400 kilos. Alors pour pouvoir accomplir
cette tâche, l’ouvrier doit prolonger le temps de travail jusqu’à 10 heures voire
12h00 par jour. Celui qui n’arrive pas à accomplir sa tâche, se trouve automatiquement à une déduction de salaire ou des coups de fouet. Mais peu de temps après, les
ouvriers se regroupent et travaillent ensemble en collectivité. Ce qui est
productif et leur donne un bon résultat et améliore vite les conditions de
travail. Mais le plus grand danger pour ceux qui travaillent dans les forêts
tropicales malsaines et humides, c’était le paludisme ou la malaria, genre de
maladie causée par les moustiques causant une fièvre intermittente.
Du côté des
colons planteurs. Ils ne sont pas vraiment aisés comme pensaient les gens. À part
quelques uns qui avaient des moyens financiers, les autres ont du mal à gérer leurs
affaires. Principalement les nouveaux venus au pays commençant avec une traite à
la banque. Par exemple, un colon qui emprunte une somme de 50.000 francs au départ
ne pourrait s’acquitter du solde qu’au bout de 6 ans de travail acharné. Certains
colons ont fait faillite.
“Dur, malsain et
sinistre par endroits, ce pays ne s’est ouvert qu’à des durs”
Ces colons se nourrissaient
mal. Le paludisme les minait. Lorsqu’ils se marièrent, leurs femmes européennes
ne supportèrent ni le climat, ni cette lutte de tous les instants, ni surtout
la mort de leurs enfants. Chapuis, Ratard, Dedieu, Gané, virent ainsi mourir plusieurs
de leurs enfants, car il n’y eut aucun poste médical à Santo jusqu’au début des
années 1930. Encore pire pour les iles lointaines. Pourtant la
plupart réussirent, multipliant par 10 et parfois plus, la superficie des
concessions de 25 ha qu’ils avaient reçues au départ, grâce aux travailleurs
indochinois”.
1924. Originaires
de la souche paysanne pauvre, sans terre de la province surpeuplée de Nam dinh.
Mes parents ont bien eu de la chance pour pouvoir s’inscrire au recrutement de
main d’oeuvre pour les Nouvelles-Hebrides.
Le long voyage du paquebot Saint François Xavier de Hai phong à Noumea a duré presque trois semaines. Ils ont été transbordés ensuite sur le paquebot La Pérouse pour Port Vila. Ils sont venus avec leur fille ainée (la mère de Robert Tranier). Arrivés sur place, ils ont perdu leur vrai nom et reçu une sorte de badge d’immatricule portant un numéro NH. No 28 pour mon père, 29 pour ma mère et 29bis pour ma grande soeur de 6 ans. Comme ils sont originaires du Tonkin, on les appelle tous “tonkinois”. Ils sont d’abord mis en quarantaine au dépôt servant comme centre d’accueil pour les nouveaux venus. Ce dépôt se trouve au bas flanc de la côte de l’hôpital indigène, que maintenant l’emplacement est occupé par le grand magasin chinois. Après 10 jours, ils ont été répartis à travailler comme coolies dans les plantations de cocotiers de la famille Belloc à la Pointe du Diable, d’où se trouve actuellement les familles Laurent. Mes parents ont eu de la chance, car beaucoup d’autres travailleurs ont été envoyés dans les iles lointaines comme Epi, Malicolo, Santo et autres, soumis aux conditions lamentables et déplorables.
Certaines personnes
m’avaient posé la question: pourquoi mes parents venus au pays depuis 1924 pour
un contrat de 5 ans et y sont restés jusqu’en 1963. Oui. Mes parents ne seraient
pas les seuls à se faire rengager pour 2 ou 3 termes de contrat consécutifs.
Pour plusieurs raisons, soit ils se trouvent endettés envers le patron. Soit ils
ont décidé de s’y implanter au pays.
Pour les coolies
des plantations à Efate, les conditions de travail et de la vie courante sont assez
difficiles, mais loins d’être comparant à celles des iles, qui manquent de tout
à cause du ravitaillement. Et surtout, comme les iles sont loin des autorités
administratives, alors les patrons sont libres à traiter les ouvriers à leur
façon.
Aujourd’hui, on
n’entend plus lot mot “coolie”. Dans le passé, en Extrême-orient, coolie veut dire
un ouvrier transportant de lourdes charges sur son dos, une main-doeuvre à tout
faire.
Le travail et
Aux Nouvelles Hebrides, le travail principal des coolies consiste à faire le nettoyage des brousses et le décortiquage des noix de coco. Tout se fait à la main avec des sabres d’abattis, des hâches pour faire nettoyer les immenses forêts vierges afin d’obtenir de la bonne terre cultivable pour planter les arbres industriels et d’autres travaux comme entretenir les plantations, de faire lplanter et récolter le maïs, café, cacao, coton et surtout de cueillir les noix de cocos et de faire le coprah. Les coolies sont aptes à tout faire: transportant les lourdes charges à dos, construire les habitations, faire le jardinage, l’élevage, la pêche, la chasse, la cuisine etc...
Les coolies
sont mal nourris et mal logés. Ils mangent à leur faim. Ils vivaient dans les
taudis.
Depuis quand, comment
et pourquoi la main-d’oeuvre vietnamienne se trouve aux Nouvelles Hebrides?
En principe, au
fil du temps, la présence vietnamienne aux NH était bien plus tôt, vers 1900. Ils font partie
des prisonniers tonkinois et annamites des bagnes de Poulo Condor, exilés en NC
en 1891. Un certain nombre a été transféré aux NH. Preuves incontestables: les
audiences du tribunal mixte de Port Vila en 1911 jusqu’en 1919 ont condamné plusieurs
tonkinois pour la vente d’alcool aux indigènes.
…"Attendu
que par exploit daté du premier septembre 1913 N’Guyen Van Hoi a été
cité à l’accusation d’avoir vendu de bon matin, le quatorze août 1913 à un
indigène de Santo (Nouvelles-Hébrides) nommé Sam ou Frond, demeurant à
Port-Vila, un demi litre de rhum pour la somme de deux shillings ;
Attendu
que un procès Verbal du Commandant de milice française en date du quinze août
1913, et de 1'aveu du contrevenant, il résulte que le quatorze août 1913, à
Port-Vila (Nouvelles Hébrides) le nommé N'Guyen Van Hoi a vendu à l’indigène
Sam ou Frond de Santo. (Nouvelles Hébrides) une demi bouteille de rhum, pour la
somme de deux francs et cinquante centimes;"
…"Attendu
que le Contrevenant est en état de récidive légale pour avoir été condamné le
vingt et un avril 1911 pour la même contravention ; qu’il y a lieu d’en
tenir compte dans l’application de la peine ; Par ces motifs :Condamne N’Guyen
Van Hoi à cinquante francs d’amende à trois jours de prison et en tous frais et
depends.
."AffaireNo219
Audience correctionnelle du 9 septembre 1913.
Extrait du journal “Annales coloniales”:
En 1919-1920, la situation devint catastrophique. Le
travail sur les plantations, lorsque les opérations de débroussage sont
terminées, n'est pas très fatigant. Il nécessite cependant une main-d'œuvre
abondante et sérieuse pour le ramassage et le traitement des noix dans les
cocoteraies, pour le nettoyage incessant et les opérations de la récolte dans
les caféeries et les cacaoyères. La vigueur de la végétation condamne très
rapidement à mort une plantation non entretenue. La quasi-impossibilité de
recruter désormais la main-d'œuvre locale allait anéantir, en tuant toutes les
exploitations, l'effort de tous ces Français qui, depuis quarante ans,
luttaient sur les îles pour y maintenir et y consolider le pavillon de leur patrie.
C'est à cette époque qu'un colon français, prit l'initiative de se rendre en Indochine auprès des dirigeants de cette
grande colonie.
Parmi les plus marquants des évènements :
1942: Mon père a été
démis de son travail pour cause de santé et déménagé à Melcoffee. Vers juin, les troupes de l’armée US ont débarqué à Port
Vila, Luganville Santo et Lenakel Tanna pour but de faire empêcher l’invasion de
l’armée japonaise descendant des Iles Solomon et PNG. La présence des US navy
avait influencé et amélioré la vie de la
population hébridaise. D’un pays pauvre qui n’a jamais vu et connu un avion,
les Nouvelles Hébrides ont été transformées radicalement en quelques jours. Notamment
à
Port Vila et Luganville Santo,
1942-1945. Ma mère
fait le lavage de linges pour les soldats US campés à Melcoffee. De temps à
autres, elle nous a emmené souvent au dépôtoir des américains au fond de la
Baie pour ramasser toutes sortes de chose. Tout ce qui est bon, on mange. Le reste
on fait nourrir les volailles. Premier contact avec les soldats US. Ils sont
comme les européens et les gens du pays. On parle bichelama avec eux et ils
comprennent. On est fin content croyant parler bien l’anglais. On ne savait pas
que le bichelama était une sorte d’anglais créole. Ils nous donnent du chocolat
et des chewing gum. Ils aiment bien la soupe “pho” vietnamienne. Ils sont gentils.
1946. La 1ere école vietnamienne à Port Vila N.H.
Février 1946.
La 1ere fois, mon père m’a mis à l’école vietnamienne qui se trouve derrière la
pharmacie française (Actuel Drugstore) pour apprendre le vietnamien. Tous les
jours, on fait la marche à pied de Melcoffee à l’école 2 fois aller et retour. Comme
on habite près de la mer, je fais la nage presque tous les jours. J’ai la peau
brun foncé.
30/6/1946. L'Union des Associations vietnamiennes à Port Vila le jour du lever du drapeau rouge à étoile jaune du VN.
(1909-1947) Le vénérable DANG Long Huong - Fondateur et 1er Président de l'Union des Associations Vietnamiennes aux Nouvelles-Hébrides.
Le vénérable DONG Sy Hua (1915-2005) ancien fonctionnaire à la Résidence de France
devenu Leader du Syndicat vietnamien aux Nouvelles Hébrides.
30/6/1946. Mon
père m’a emmené assister à la cérémonie au centre ville de Vila où l’on fait hisser
le drapeau rouge à étoile jaune du VN. Tout petit, je me trouve perdu au milieu
de ces tas de gens. Et la 1ere fois, j’entends chanter la Marseillaise en paroles
vietnamiennes au lever du drapeau rouge à étoie jaune au milieu du drapeau
tricolore français et britannique. À l’époque, on ne connait pas encore l’hymne
national. Et surtout, émerveillé à regarder la danse du dragon et des licornes aux
sons rythmiques des tambours et des cymbales. Un souvenir à ne jamais oublier.
26/9/1946. Mon
regretté père est DCD à l’hôpital anglais de l’ilot IRIRIKI.
20 Janvier 1947. Eût lieu le 1er convoi de rapatriement de masse des 550 vietnamiens et plus de 200 enfants sur le paquebot “Ville d’Amiens” à Haiphong. Un camp de concentration réservée aux travailleurs venus des iles de Santo et Mallicolo a été dressé sur l’ancien campement des soldats US à la Pointe d’Arbel (Malapoa) pour l’attente du prochain voyage de rapatriement.
Quelques jours plus
tard, les autorités de Nouvelle-Caledonie ont envoyé l’aviso Dumont d’Urville à
la rescousse avec plus de 200 mariniers à son bord pour faire calmer la situation
à Port Vila et Santo Nouvelles Hebrides.
Les autorités locales ont promis de satisfaire les exigences des manifestants.
Juin 1947. À l’improviste, les autorités locales dirigées par
le Commissaire- Résident Kuter ont mobilisé les forces de l’ordre pour perquisitionner
les bureaux du Syndicat VN et la demeure de Dong sy Hua à Tagabe et saisir les
drapeaux, portraits, machines à écrire, documents et imprimantes Roneo. Interdiction de tout rassemblement et défense
de hisser le drapeau du VN. La situation tendue et assez accablante. Les autorités
locales lancent un état d’urgence et le couvre-feu.
25/8/1947. Pour faire apaiser la situation devenue trop dangereuse. Les autorités locales sont obligées d’organiser rapidement un autre convoi de rapatriement. Avec pour but de faire expulser Dong Sy Hua, sa famille et tous les dirigeants du Syndicat VN de Tagabe hors du pays sur le paquebot Ville d’Amiens. À son bord avec 470 adultes et 330 enfants. Depuis, l’ordre et le calme a été rétabli dans tout l’archipel.
Activités personnelles:
1949. Je me suis
affecté à l’école Sainte Jeanne d’Arc dans la classe des garçons de la Révérende
soeur Marie François Régis. Amis d’école: Monique Prevot, Paul Tamagushiku, Jean
Sablan, Charles Renevier, Louis Fogliani, Leon Langlois, Paul Phuong, Jacques
Pheu, Pierre Simon etc... Echoué à l’examen en 1951.
1952. J’ai été
transféré à l’école publique française de Mme JS Pommadere. Obtenu le certificat
de Fin d’étude avec mention “bien”. Ami(e)s: Roger Dosdane, Milo Galinié,
Denise Jocteur, Ginette Lods, Sylvain Cugola, Do viet Vinh etc...
1953-1954. JVD est
devenu apprenti menuisier, apprenti cordonnier, faire la pêche etc...
1955. Devenu enseignant
en français à l’école vietnamienne à
Tagabe.
1958. Devenu employé
de commerce chez HEBRIDA sous la direction de Mr BOURGEOIS.
1959-1960. Travailant comme comptable chez OCEANIA Santo sous la direction de Mme Notin.
Mouvement
sportif et le grand Rapatriement.
1960. Arrivée
de Mr Vu Hoang – Délégué des Affaires étrangères de la RDVN – pour les problèmes
de rapatriement. Il nous a bien mis dans la tête: Tout le monde doit travailler
et avoir un salaire suffisant pour se nourrir. On croyait avoir un salaire
comme aux NH. Heheeee... Notre cervelle était bien trop petite pour pouvoir tout
comprendre.
Le sport à Port Vila a bien développé: 7 équipes de football des quartiers – 1 sélection USV – plusieurs équipes de volleyball – pétanque - Tennis de table – pêche sous-marine etc...
30/12/1960. Le paquebot Eastern Queen
a effectué 3 convois de rapatriement de suite pour les VK de Noumea.
Avril 1963.
Rupture de rapatriement suite aux interventions du Gouvernement du Sud VN. Manifestations
à Port Vila et Luganville Santo.
Juin 1963. Arrrivée
de Mr Le Trung Thuy – de la Croix Rouge de la RDVN – pour résoudre la suite du
rapatriement. Il a dit: “notre pays est temporairement divisé en deux. La guerre
pourrait survenir n’importe quand. Si nos compatriotes pouvaient attendre que
le VN se soit réunifié. Ce serait beaucoup mieux pour tous”. Notre pauvre délégué a reçu même des injures.
Personne ne le croyait. Les vieux sont trop chaud pour rentrer au pays natal.
Que, une fois cloués au sol, ils se trouvent vite dans l’embarras.
28/7/1963.
Accompagné ma mère pour le rapatriement au VN.
Avec 10 minutes, c’est peu pour pouvoir relater pleinement les souvenirs des 32 années
mouvementées au VietNam. J’essaierais de mon mieux.
Aout 1963. Arrivés au Port de Hai phong avec accueil chaleureux des autorités du Gouvernement de la RDVN. On se sent enthousiasmé mais complètement perdu dans un pays totalement inconnu. Même les vieux se trouvent désorientés. Tout a changé...
Aout 1964. Juste un an après le rapatriement, les US commencent à bombarder
le Port de Hai phong et les grandes villes du Nord Viet Nam. Evacuation de la
population dans les villages loins de la ville. On se retrouve dans une
situation vraiment désemparée et plongée dans la détresse.
Juin 1965. Pour le salut national, JVJ s’engage volontaire dans le Convoi spécial de ravitaillement pour le front. Equipé en vrai soldat et avec un camion tout neuf. Six mois sur les routes du sentier Ho Chi Minh. Une vraie aventure pleine d’exploits et de cauchemars. Mais fier d’avoir accomplir son devoir de citoyen envers sa patrie. Récompensé d’une médaille de résistance et d’un certificat de mérite.
1964-1972. Pendant près de dix ans, presque tous les jours, on vit avec la
mort sous les pluies de bombes US. Beaucoup de famille et d’amis sont
succombés. Ma mère est DCD par vieillesse. Pour la sécurité générale, on doit l’enterrer
dans la nuit.
Les US ont détruit tout ce que le VN vient de reconstruire après la guerre
avec les français. Ils avaient l’intention de transtormer le pays à l’âge de pierre.
Mais ils se trompent.
J’ai du mal à en trouver un travail dans les entreprises de l’état. Pour cause
de mon fichu C.V. avec une note: “père engagé dans l’armée française” (1914-1918
en France).
Avec un peu d’argent économisé des hébrides, on a pu acheter une petite
vieille maison. Mon petit salaire ne suffit pas pour nourrir une deuxième personne,
qui fait rappeler les paroles du délégué. On vit dans la misère sous les bombes
pendant presque 10 ans.
1965-1985. Avec beaucoup de volonté et de courage, JVJ a reçu beaucoup de diplômes
et médailles de mérite.
1995. Retour au pays. JVJ a fait un voyage au Vanuatu et de s’y implanter.
1996. Travaillé comme conseiller au Malakula Distribution Center à Lakatoro
avec Charlot Rory. Dont JVJ a fait connaissance avec Mr Francis Bryard prof français
de Rentsary.
1997-2006. 10 ans de travail comme Gérant à Au Bon Marché Manples.
1998-2010. Nommé sécrétaire général de l’AVV. A reçu beaucoup de
délégations venues du VN et les Ambassadeurs venus de Canberra.
2007-2017. Propriétaire de Litchees Store Colardeau.
2012-2013. Une centaine d’ami(e)s ex néo-hébridais et calédoniens résidant
au VN ont fait un voyage au Vanuatu et NC pour revoir leur pays natal une dernière
fois.
Quelques photos souvenirs de la soirée
Permettez à JVJ de ponctuer son exposé ici en vous remerciant infiniment de votre bonne attention et appréciation. Et également de vous souhaiter une très bonne soirée.
Les invités nous avaient posé beaucoup de questions. JVJ a pu retenir deux principales questions suivantes:
1. Comme vous êtes nés aux Nouvelles-Hébrides, donc vous ne
connaissez rien sur le Vietnam. Pourquoi vous aviez engagé au rapatriement?
Réponse: C’était une question assez délicate, dont je tiens à vous remecier infiniment. Il y a plusieurs raisons, mais principalement c’était l’amour filial, le devoir et les obligations envers les parents. On ne peut pas les laisser partir seuls à leur âge de rentrer dans leur pays ancestral. On les a accompagné pensant pouvoir remplir notre tâche. Le pire, c’est de croire qu’on pourrait sortir du pays comme on veut. Hélas! Vouloir c’est pas pouvoir. De toute façon, on a rempli notre tâche envers nos parents et accompli notre devoir envers la Patrie.
2. Comment vous avez décidé de revenir vivre au Vanuatu?
Réponse: Après plus de 30 ans rendu service
à la mère patrie, j’ai décidé d’entreprendre un voyage au Vanuatu, pour but de
revoir mon pays natal, de rendre hommage à mon feu père au cimetière de Port Vila et de
rendre visite aux anciens amis pour la dernière fois. Mais, une fois sur place, le beau paysage et le climat m’ont fait changer d’avis. Grâce à la grande aide spirituelle
et matérielle de toute ma famille et des amis, j’ai pu obtenir de bonnes
conditions pour m’y implanter.
L’auteur du Blog tient à vous remecier de tout son coeur
d’avoir suivi et consacré votre temps si précieux de lire et partager ce bref
reportage relatant les souvenirs en mémoire du Centenaire de la présence
vietnamienne aux anciennes Nouvelles Hébrides / Vanuatu. Il aimerait également
vous souhaiter un avenir radieux avec grands succès.
Merci pour ce témoignage extrêmement intéressant. Mireille
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